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Ma Mère qui chantait sur un phare

mise en scène François Rancillac

: Note d'intention

Une épopée ?


Les personnages principaux de Ma mère qui chantait sur un phare sont donc deux enfants. Mieux : ce sont eux qui, héros d’un jour, sont aussi les narrateurs de cette folle journée. Passant sans arrêt du style direct (scènes dialoguées) au style indirect (brefs récits ou « monologues intérieurs »), l’essentiel de la pièce passe donc par eux, est raconté et éprouvé à travers eux, à travers leurs corps et leurs yeux d’enfants : ce sont eux qui nous font vivre cette folle journée aventureuse, ce sont eux qui nous font voir ce qui n’est pas forcément visible ou même montrable sur un plateau (la mer, le phare, la pelleteuse, la mort du doberman, etc.).


Comme nous ne sommes pas dans un théâtre réaliste (on l’aura compris), inutile donc de faire jouer Marzeille et Perpignan par deux enfants ! Restait à trouver deux jeunes acteurs qui ont tout gardé de l’étonnement et de l’intensité de l’enfance : Anthony Breurec et Riad Gahmi sont de ceux-là, et ô combien !


Théâtre acoustique ?
(piste pour une scénographie)


Ma mère qui chantait sur un phare est écrit comme un choeur à six voix qui s’entremêlent les unes aux autres, se superposent, s’opposent parfois, mais font toujours avancer à grandes enjambées le récit de cette folle journée. Parce que l’essentiel nous est ici raconté, commenté en direct, il devient donc absolument inutile (et d’ailleurs impossible) de le montrer, de le représenter au spectateur : la mer, le phare, la carrière avec la pelleteuse et l’Algéco, la grande maison au fond du bois, la barque du père sur la plage, etc. : tout cela n’existe que dans l’imaginaire du spectateur, sollicité par la force du conte, titillé par la verve de l’écriture et son pouvoir de suggestion, devenu « voyant » à travers le seul regard des enfants et des adultes de la pièce : la scène est bien dans la tête du spectateur.
Soit donc une trentaine, une cinquantaine de pupitres de musiciens, disposés dans l’espace en arcs de cercles concentriques, tel un orchestre symphonique fantôme. Il y aura peut-être devant, au centre, la petite tribune qui permet normalement au chef de dominer son orchestre. Il y aura aussi sans doute un pupitre seul, un peu à l’avant-scène, à la gauche du chef : celui de la soliste, de la chanteuse lyrique qui est le clou de la soirée, le coeur battant du concert, et qu’on ne verra pourtant jamais – telle la Mère de la pièce, personnage central et néanmoins invisible et absent, dont le chant de douleur, hurlé à l’océan, est le seul fil d’Ariane qui permet aux deux enfants de ne pas trop se perdre dans le labyrinthe de la vie.
J’aimerai beaucoup pouvoir tout raconter avec cet orchestre-fantôme, habité seulement par les six interprètes de la pièce (et une bande-son faite de tous les bruits du monde). J’aimerai pouvoir tout suggérer avec ces seuls pupitres qui, discrètement bricolés et « machinés » de l’intérieur, pourraient devenir la forêt étrange où s’engouffrent les garçons (les pupitres atteignant magiquement des tailles impressionnantes ?). Ce serait aussi les vagues de la mer, tous se mettant doucement à tanguer au rythme des flots. Ils pourront aussi s’écrouler en tas en même temps que l’Algéco fumant, sous la violence de la pelleteuse mal contrôlée, etc…
Et se relever derechef pour la suite des aventures.

François Rancillac

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