Leila la silencieuse et Lee le mauvais garçon. Deux adolescents rejetés et stigmatisés, à l’existence fragile. Lee vit seul avec sa mère Jenni depuis que son père est parti quand il avait cinq ans, en lui laissant pour seul souvenir une casquette. Lee rêve de faire fortune grâce au crime, de devenir, pourquoi pas, le premier mac d’Inverkeithing. Leila est une bonne petite, mais son corps l’encombre… Il y a aussi Billy, le beau-père de Lee, qui voudrait offrir une bague à Jenni. Un mauvais départ, une erreur, un meurtre, et voilà Lee fuyant avec Leila la silencieuse, en plein hiver, dans les collines hostiles, à la recherche de son père. Le garde-chasse les recueille. Trois individus perdus qui se trouvent et qui s’égarent…

« Lune jaune » est une mémoire morcelée, l’élaboration d’un mythe intime. Le texte emprunte à la forme romanesque, au polar, à la poésie, à la chanson de geste, au slam… Il confère à l’oeuvre une dimension tragi-comique. L’auteur, David Greig, est né à Édimbourg en 1969 et vit à Glasgow. Il est aujourd’hui reconnu comme l’une des voix les plus importantes de sa génération. Avec pour motif principal la question identitaire, Greig nous fait voyager au coeur de l’Écosse, dans les Highlands, terre rituelle dont les mystères sont propices au champ de l’imagination. « La singularité de la forme de la pièce, le souffle de son écriture sont fascinants, confie le metteur en scène. Je me rends compte, aujourd’hui, avoir beaucoup travaillé sur les relations au sein de la famille. La famille comme territoire de secrets ou de fractures. Comme reflet intime de notre société.

À la lecture de ‹ Lune jaune ›, on voit apparaître de façon lointaine ‹ L’Orestie › d’Eschyle, ‹ Roméo et Juliette › de Shakespeare, la fuite des célèbres Bonnie and Clyde. Cette petite histoire de deux jeunes gens en fuite s’inscrit dans la grande histoire des générations qui se répètent et se succèdent. »

Laurent Crovella s’empare de ce théâtre du récit qui mêle avec habileté les genres. Sur scène, deux acteurs pour six personnages et trois musiciens avec piano, contrebasse et batterie. Tous sont des porteurs de la fable. Un road movie contemporain, beau et cruel à la fois, mais où la tendresse percera les murailles.