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Lulu

+ d'infos sur l'adaptation de Thomas Matalou ,
d'après Lulu de Frank Wedekind
mise en scène Thomas Matalou

: Le choix du texte

Il existe une multitude de versions et adaptations : Pierre Jean Jouve, Jean-Luc Lagarce, Alban Berg, Georg Wilhelm Pabst, en plus de celle en deux parties, écrite par l’auteur lui-même.
La version que nous proposons est établie à partir de la pièce de 1894, à tous égards plus fulgurante, et plus crue, moins explicative et moins bavarde que la version de 1913. En plus de légères variantes, nous gardons la scène de la loge dans le théâtre, et nous rétablissons le Prologue, retraduit pour respecter les rimes.
C’est parce que les acteurs et les spectateurs semblaient décontenancés par sa pièce (représentée dans sa seconde version) que Frank Wedekind a écrit ce prologue. Il y explique qu’il a été inspiré par un séjour à Paris, au cours duquel il a découvert le monde des revues, du Moulin Rouge par exemple …


Par ailleurs, pour appuyer cette notion de modernité de la langue, nous nous sommes arrêtés sur la première version de Frank Wedekind, en la nourrissant d’arrangements piochés au sein de chaque version, car finalement le texte de Wedekind pourrait être la face visible de l’iceberg ; avant nous, nombre de dramaturges, de cinéastes se sont frottés à cette énigme, à ce mythe, Lulu.
Nous travaillons à partir du drame en cinq actes de Wedekind, la première version qui fut retrouvée dans les archives de l’auteur et, nous pourrions presque dire, restée ignorée jusqu’ici.
Dans cette version, nous sommes, en plus d’un texte, en présence d’une langue. Rythmée, ponctuée, par l’auteur. La présence de ces tirets, plus ou moins nombreux au sein même de la typographie, indique un souffle, une respiration. Comment s’en faire un allié ?
Il s’agit de faire ressortir les registres de rythmes et de genres théâtraux : la comédie, le drame, plus exactement, le grotesque et la tragédie. Le terme de tragédie est présent dans le titre, et la comédie n’est jamais très loin. Elle est induite, étroitement liée au tragique. Les situations, les personnages deviennent grotesques malgré eux. Une forme de vaudeville grotesque.
Cette tragédie-monstre est une oeuvre majeure, plus riche dramatiquement parlant que les deux qui lui ont succédé pour des raisons de censure. Une toute première version, traduite à tous niveaux au plus proche de la volonté de l’auteur. Une oeuvre qui fait peur. Par son envergure. Par son sujet. Une satire de la société bourgeoise allemande du milieu du XIXe siècle.


Nous nous plaçons dans ce travail en tant qu’archéologue : remettre au jour cette réflexion sur le conflit profond entre l’image de soi et la nature indomptée qui nous est présentée. Il appartiendra à une femme, Lulu, d’être le révélateur de ce que l’on peut qualifier de crise de la modernité. C’est par elle que la vérité adviendra, autant que le scandale, la destruction et la mort.
Wedekind n’écrit pas une oeuvre de dénonciation politique ou sociale. Son théâtre se présente plutôt comme un constat. Son caractère scandaleux vient de ce que l’auteur ne condamne pas ses personnages, mais les observe et semble même leur donner raison dans la mesure où leur attitude permet de montrer la fragilité de l’ordre établi. Tout se passe comme si Wedekind voulait simplement montrer la réalité peu reluisante de l’âme humaine et des rapports sociaux.
L’oeuvre se présente ainsi comme une galerie de portraits contemporains et une suite de scènes sur la vie moderne.

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