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Lulu

+ d'infos sur l'adaptation de Thomas Matalou ,
d'après Lulu de Frank Wedekind
mise en scène Thomas Matalou

: Une femme, un mythe et la métaphore d’un monde

Lulu a été recueillie à l’âge de douze ans par Schöning, un intriguant, qui fait bientôt d’elle sa maîtresse, et la marie au riche docteur Goll. A la mort de ce dernier, elle épouse le peintre Schwarz, tombé amoureux d’elle en faisant son portrait. Persuadé de l’innocence et de la pureté de la jeune femme, il se tranche la gorge lorsqu’il apprend la vérité sur son passé et sa relation avec Schöning. Toujours soucieux de lui trouver un amant suffisamment riche, celui-ci la lance dans une carrière théâtrale. Elle joue dans une revue écrite par Alwa, le fils de Schöning, mais interrompt la représentation lorsqu’elle aperçoit dans une loge son amant en compagnie d’une jeune fille de bonne famille qu’il entend épouser par intérêt. Elle oblige Schöning à rompre et à l’épouser, elle.


Désormais, elle habite sous son toit. Mais la maison est fréquentée par d’autres personnages, hommes et femmes : Schigolch, dont on ne sait pas s’il est le père de Lulu ou un vieil amant, l’athlète Rodrigo Quast, Alwa lui-même, et la comtesse Geschwitz, éperdument éprise de Lulu. Schöning, qui découvre les multiples liaisons de sa femme, veut la contraindre au suicide et lui donne le revolver. Mais c’est elle qui le tue. Elle s’enfuit avec Alwa à Paris. Elle subit le chantage des hommes qui gravitent autour d’elle : Casti-Piani, qui a vécu à ses dépens, menace à présent de la dénoncer si elle n’accepte pas de travailler dans une maison close au Caire ; Rodrigo Quast lui réclame de l’argent, Schigolch voudrait de nouveau partager son lit. Lulu échappe de justesse à la police et se réfugie à Londres avec Alwa et Schigolch. Tous trois végètent dans une misérable soupente, et Lulu fait le trottoir. La comtesse Geschwitz les rejoint dans l’espoir de tirer Lulu de son avilissement, mais meurt avec elle sous le couteau de Jack l’éventreur !


Lulu illustre la crise du sens au sein de la modernité par la métaphore d’un monde autodestructeur, par la remise en cause du statut et de l’image de la femme, par une interrogation sur le rôle de l’argent et sur celui de l’art.


Privée de cellule familiale, Lulu est restée sous le signe de la non-appartenance. Au gré de ses partenaires, de leurs fantasmes, elle sera Lulu, Nelly, Eve, Mignon. Diminutifs qui la privent de sa grandeur. A cela s’ajoute une incertitude identitaire, la femme étant à la fois ange et démon, trésor et malédiction. Femme multiple en quelque sorte, comme ses costumes (dancing girl, ballerine, la reine de la nuit, Pandora,...). Au-delà de cette figure mythique de femme, nous retrouvons le thème d’une emprise proprement sexuelle de la femme-nature sur l’homme-culture. D’où la « rancune » masculine à son égard, s’exprimant dans toutes les nuances de la misogynie ordinaire.


Lulu va de par ce monde, le « beau monde » en l’occurrence. Traversant cette société en se soustrayant au rôle réducteur que l’homme veut lui imposer, elle le renvoie à sa propre vacuité, à son amour de l’amour, le contraignant à combler ce vide. Séduisant par son chant, détruisant par ce « charme » les conventions de la conduite bourgeoise, et de la respectabilité masculine, elle est détruite à son tour par cette société dont elle a bravé les lois, et dans les mains d’un autre mythe : Jack l’éventreur.

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