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Lulu

mise en scène Paul Desveaux

: Présentation

L'argent et le sexe posent toujours la question de l'altérité.


Dans les deux cas, c'est l'expression d'un désir de possession. Ils sont l'un et l'autre les moyens d'exercer un pouvoir. L'autre devient un objet de désir, et dans les cas extrêmes, il n'est plus que l'objet du désir. Tout devient alors objet, même le corps de l'autre.

C'est ce que Wedekind saisit dans Lulu : l'histoire d'une jeune fille des rues qui devient une prostituée de luxe et qui selon le désir de ses amants, change de nom. C'est l'être parfait du fantasme : un objet de projection pour chacun. En contre-partie, Lulu se glisse dans les rouages de la haute société, s'adaptant à chaque situation. Elle monnaie ainsi son accession au cercle de la bourgeoisie.
En contre point, nous voyons Schön, son protecteur, patron de presse et politique, agir sans aucun complexe pour favoriser ses intérêts.


Wedekind décrit dans cette oeuvre ce processus, ce rapport entre la chair, l'argent et le pouvoir. Et dans la première version de son texte, il nommait cette histoire du monde, « tragédie monstre » : quelque chose entre le sublime et l'effroi.
Wedekind donne à voir ce processus où s'imbrique des désirs de plus en plus puissants, avec en contre point, un chemin vers la mort —qu'elle soit réelle ou sociale—. C'est ce qu'il adviendra d'ailleurs de la plupart des protagonistes de cette histoire.
Il inscrit le mécanisme des pouvoirs dans une trame où se révèle l'intimité des êtres —des tropismes comme les définirait Nathalie Sarraute — à des mouvements dignes des plus grandes tragédies shakespeariennes.
Wedekind ne délire pas son père et sa mère comme dirait Deleuze, mais il délire le monde. Et c'est en cela qu'il écrit une tragédie dans une vision brute et sans détour.


Cela tourne parfois au comique. Comme avec ce prince Escerny, prêt à se jeter aux genoux de la belle Lulu sans aucune pudeur. Et parfois, au meurtre ou à un suicide fortement assisté comme pour Goll, Schwartz ou Schön.
Car toute soumission à son revers. Chaque homme et femme pense que Lulu lui appartient. C'est sans compter la part de révolte qui réside en chacun. Jouer donc avec Lulu, c'est prendre le risque de la mort.


Ici est représentée au sein d'un cirque une partie de l'architecture de notre société. Wedekind dévoile ainsi un cercle mondain dans un tour de piste aux connotations très contemporaines.

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