Louise Wing, onze ans, vit avec son père Ian et sa sœur aînée Elinor dans l’Alberta au Canada. Un jour, un évé- nement mystérieux vient bouleverser sa vie : un ours blanc transparent se tient debout derrière elle et la suit. Bientôt, un ours apparaît derrière chaque humain. Mais voilà, Louise est la seule à les voir. Sa quête sera de prou- ver qu’ils sont bel et bien là, un désir presque fou, dé- voilant sa difficulté à laisser une partie de son enfance derrière elle.
Louise / les ours, pièce tout public de Karin Serres, dépeint un monde et une famille en pleine métamorphose. Quel chemin les personnages doivent-ils emprunter pour changer et grandir ? Comment vont-ils réagir face à cet événement surréaliste qui vient bousculer leur quotidien? Ici, l’invasion des ours agit comme un révélateur...
Louise, Ian, et Elinor sont en transition. Ils doivent cha- cun, à leur manière, traverser un conflit pour pouvoir embrasser plus tard un nouvel âge. Le monde de Louise balance entre jouer comme les enfants hors de la réalité et grandir. Son expérience la fait passer par toutes sortes d’états : elle devient une visionnaire, une petite chamane, une poète, une Orphée et une Eurydice, une Cassandre, une joyeuse conquérante et une enfant pleine de larmes. Ian oscille entre le désir de se prêter au jeu, de croire aux ours et sa maladresse dans la fonction de père. Elinor se laisse aller aux découvertes, aux excès, aux doutes de l’adolescence, et pourtant elle reste la plus réaliste et la plus consciente, si bien qu’on pourrait la confondre avec la mère absente. Alors comment réagir face à ces petits séismes, et laisser place à une autre étape de vie ?
La figure de l’ours n’est jamais réduite à une idée fixe, elle laisse place aux possibles et aux ambiguïtés. L’animal est un double et un reflet de l’âme humaine. Il protège, il est messager, fantôme, l’outil d’une catharsis possible, un remède, un grog, un Deus Ex Machina venant révéler et dénouer les conflits intérieurs. Comme les person- nages, les ours finissent par se métamorphoser, jusqu’à fondre pour se mêler à la nature, devenir vagues salées, et libres. Mais dans le merveilleux la réalité s’insinue. A travers ces richesses et ces contradictions, l’auteur nous incite à douter : « Et si c’était vrai ? ».