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Louise, elle est folle

+ d'infos sur le texte de Leslie Kaplan

: Notes de l'auteur

Qui est folle, dans Louise, elle est folle ?
les deux femmes en scène s’accusent, se renvoient la balle, essayent de préciser leurs accusations, jusqu’au plus grave
elles utilisent une troisième, Louise, absente, comme une façon de désigner ce qu’en aucun cas elles ne veulent être
mais elles s’acharnent l’une contre l’autre, pourquoi ?
comme si chacune représentait pour l’autre quelque chose qu’elle rejette
pourtant il s’agit de faits connus, de comportements habituels, d’attitudes vues partout, de phrases entendues partout, acheter n’importe quoi, voyager sans voir, manger sans penser, vouloir gagner, l’horreur quotidienne et au cinéma, les clichés, les clichés, les clichés…
toutes choses bien réelles et présentes, qui sont là, dans le monde
sont-elles folles de faire ce qui se fait ?
la folie est un écart par rapport à la réalité, on la mesure comme ça, un fou est « à côté », « en dehors » de la réalité
alors, est-ce que c’est la réalité qui est folle ?
acheter, voyage, les concours…les cafards…
quels sont les critères ?
pour qu’il y ait des critères, il faut qu’il y ait du commun et le premier bien commun, c’est le langage, les mots
mais justement, dès la première accusation : tu me trahis, tu prends mes mots, tu ne m’écoutes pas, tu ne m’entends pas…
climat de violence, atmosphère de guerre larvée
et ce sont deux femmes qui en témoignent
en tant que femmes elles sont au plus près de ça
passives agressives, comme la société toute entière
ce n’est pas ce qu’elles disent qui est fou, c’est comment elles le disent
en reprenant, redoublant, reproduisant l’état des choses avec leurs mots
des mots qui disent l’état du monde de la façon la plus précise, avec des détails les plus saugrenus, étranges, justes
et pourtant ces mots ne permettent pas de décoller, de sauter, de passer ailleurs
le dialogue dérape et rate constamment
l’agressivité plane et on doit la ressentir comme une atmosphère palpable
c’est un état du monde
et c’est la position de l’une par rapport à l’autre
et de chacune par rapport au monde
c’est aussi une façon de s’y prendre avec les mots précise, imprécise, pleine de détails, d’invention, voire de poésie
et en même temps faite de généralités, de discours, de clichés
le fond est bel et bien une ambiance de meurtre jusqu’à la trahison finale et l’apocalypse
et Dieu, là haut, est requis à plusieurs reprises, non comme solution, mais comme interlocuteur
on avance à l’intérieur de tout ce que le société met en place et fait circuler comme discours et clichés
qui redoublent l’état général de dispersion opposition confrontation
qui reproduisent l’enfermement en soi, le ressassement
on avance à l’intérieur mais aussi à l’encontre
ce qui maintient vivant : la sensibilité, l’ouverture
le fait de n’avoir peur de rien, de rien, de rien, ni de dire, ni de penser
et le désir de parler vraiment, d’avoir un autre à qui parler.

Leslie Kaplan

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