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Loth et son Dieu

+ d'infos sur le texte de Howard Barker traduit par Sarah Hirschmuller
mise en scène Agathe Alexis

: Notes pour une mise en scène

Dramaturge, poète, théoricien du théâtre, peintre, Howard Barker fascine et fait peur.
Après avoir voulu monter Uncle Vanya, dont j’ai passé commande de traduction à Sarah Hirschmuller en 2006, je dois me rendre à l’évidence : malgré un intérêt manifeste du Festival d’Automne en Normandie – B.Faivre d’Arcier, une oeuvre aussi lourde par sa distribution (quatorze acteurs) est pour moi impossible pour l’instant. Puis je prends connaissance de Loth et son Dieu (2007-2008), une pièce plus épurée, plus concise, témoignant de nouvelles orientations dramaturgiques de l’auteur, et que je lis comme un hommage à l’Amour, aussi étrange que cela paraisse, car rien n’est au premier degré chez H.Barker.
La passion douloureuse et extatique de Loth pour sa femme, la haine désorientée et fascinée de l’ange destructeur pour la femme de Loth, la nécessitée irrépréhensible de cette "perte de soi sublime qu’est l’amour" qui fait l’attrait de cette femme mure, tout cela me bouleverse. Je crains de mal comprendre, et prends rendez-vous avec H.Barker pour voir une mise en scène de sa pièce, I saw myself, à la "Wrestling School", et me faire confirmer si mon intuition est juste. Il s’agit bien d’un texte sur l’amour fou !
L’Atalante a souvent été un lieu de création pour des textes à découvrir, des textes limite, parfois. La "Wrestling School" ("L’Ecole de la lutte"), lieu des créations audacieuses de H.Barker aussi !
Nous envisageons avec Christian Boulicaut, mon scénographe, un espace longiligne en modifiant le volume traditionnel de l’Atalante. Un café panoramique où spectateurs et acteurs se font radicalement face. Il faut rendre compte du conflit entre le mouvement et le langage, valoriser toute la modernité de Howard Barker, la polyphonie des voix et les divers enjeux de l’oeuvre. En contrepoint des conflits qui opposent l’Ange, Sverdlosk et Loth, cet espace longiligne devra permettre de créer, pour le personnage du serveur mutilé, la chorégraphie de sa servitude physique et de sa douleur.
Parfois, un rire jaillit, qui n’a rien à voir avec le soulagement, plutôt l’incrédulité devant l’inhumaine souffrance – mystère de la divinité dont Drogheda est l’agent. Par cette succession d’atteinte faite à la volonté humaine, Loth et son Dieu rappelle le mystère de Tête d’or, et il me serait bien difficile de dire aujourd’hui lequel des deux poètes dans son oeuvre, croyait au ciel ou n’y croyait pas.
Dans un contexte indéfinissable - on peut dire contemporain - Loth, Drogheda, Sverdlosk et le serveur mutilé sont dans la continuité des thèmes chers à Barker, en ceci que la catastrophe est également révélation et naissance. La mise en oeuvre des situations paradoxales et le caractère magnifié de la poétique utilisée par les personnages bouleversent la notion de clarté pour une aventure rare d’un théâtre où "la tragédie serait le dernier secret d’un monde qui rit".

Agathe Alexis

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