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Loin du bal

+ d'infos sur le texte de Valérie Poirier
mise en scène Martine Paschoud

: Valérie Poirier met les marges au centre

propos recueillis par Nalini Menamkat

Avant d’écrire pour la scène, vous l’avez vous-même pratiquée en tant que comédienne et metteure en scène, en quoi cela a-t-il influencé vos textes dramatiques?


Je n’aurais jamais écrit pour le théâtre si je n’avais pas eu une approche de l’intérieur. L’expérience de la scène m’aide à être plus organique et plus concrète que si je n’avais jamais joué.


Loin du Bal prend place dans un asile de vieux, comment s’est fait votre approche de ce sujet ? S’agit-il d’un travail d’enquête ou d’imagination ?


Je n’ai pas cherché à me documenter. Mais comme tout le monde, je connais des vieux, et comme tout le monde, je vieillis. Voilà qui suffit à générer des souvenirs, des impressions, des peurs, des fantasmes…


On rit beaucoup en vous lisant, l’humour est-il un moyen pour vous de sortir de la compassion, voire de la pitié qui entoure souvent ce thème de la vieillesse ?


Le fait de faire rire n’est absolument pas délibéré. Mais c’est sans doute une façon pour moi de rendre la vie fréquentable. J’ai un grand faible pour le tragicomique. J’aime bien quand l’émotion est un peu chahutée par le rire.


Le personnel de cet asile ne semble pas des plus doux avec ses pensionnaires ; est-ce que cela vous semble répondre à une certaine actualité ?


Je vais enfoncer quelques portes ouvertes, mais je trouve que d’une manière générale, la façon dont les vieux sont perçus dans notre société est indigne. Le pire, c’est qu’ils l’intériorisent. Lorsqu’on n’est plus économiquement ou sexuellement attrayant, on devient transparent. Quelle que soit la somme d’expériences, de savoirs que l’on a engrangés durant sa vie. La maltraitance, c’est aussi l’infantilisation, la réduction de l’autre. Dès lors que l’on n’envisage plus la personne dans toute sa complexité et qu’elle devient « la petite vieille », lorsqu’on oublie toutes les strates qui constituent sa personnalité pour ne garder que l’image convenue de « la petite grandmère inoffensive ou acariâtre », on ampute l’autre d’une grande partie de son humanité.

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