Loin d’eux c’est d’abord l’histoire d’un double départ : celui de Luc qui quitte sa famille et s’installe à Paris, mû par la nécessité de trouver un emploi et de laisser un endroit marqué par l’ennui. Il est question dans cette histoire de l’impossibilité pour l’adolescent à entrer dans le monde adulte, de son refus radical d’accepter les compromis de ce monde. Cette radicalité conduira Luc au suicide.

Seul en scène, Rodolphe Dana porte le poids de l’amour, de la douleur mais aussi des silences et de la culpabilité d’une famille. Avec justesse et force, il donne la parole à cinq personnages qui expriment tour à tour ce qu’ils vivent, ressentent et ne disent pas. A travers leurs monologues introspectifs, les proches de Luc tentent à leur manière de formuler les mots qui ont manqué, de rompre le silence qui s’est dressé en mur infranchissable et qui a enfermé chacun dans ses propres prisons intérieures.

La mise en scène sobre mêlée à l’interprétation de Rodolphe Dana mettent en exergue les mots de Laurent Mauvignier qui disent la difficulté de se comprendre et de se parler. Ils résonnent dans le jeu du comédien qui invente un rythme, un souffle rendant sensible la détresse enclose. Un face à face vertigineux qui grave en soi une émotion ineffaçable.