La mise en scène de l’espace s’élabore autour de quelques éléments-clefs pour resserrer le cadre de l’interprétation sur la comédienne. Les éléments fondamentaux sont les bouteilles de couleurs qui apparaissent, ces couleurs-souvenirs, sur lesquels seront posées des planches. Ces planches forment des plateaux de jeu mais sont posées de manière précaire sur les bouteilles, rien n’est fixé en apparence. Bouteilles et planches symbolisent l’univers mental de Liane : un pont, sa maison, un barrage, l’Afrique... La comédienne évolue aussi dans l’univers sonore créé en live par les trois musiciens de l’ironie du son. Ils sont présents sur le plateau et interagissent musicalement et physiquement avec elle.

Pour que le public se sente intimement concerné, la comédienne ne joue pas derrière un « quatrième mur ». L’adresse se fait essentiellement aux spectateurs. Je veux que la comédienne prenne chaque spectateur par le bras pour l’emmener à sa suite, à la suite des souvenirs et des expériences de Liane. Comme si chaque spectateur figurait l’amant disparu. C’est une manière de le convoquer dans l’intimité du personnage.

La comédienne est investie physiquement par son monologue et l’espace de jeu. La lutte avec son passé, avec les mots, est physique. Elle se tient sur des plateaux précaires, instables. Le monologue a une dimension concrète, le jeu n’est donc pas statique.