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Les Visages et les corps

mise en scène Philippe Calvario

: Entretien avec Philippe Calvario

propos recueillis par Pierre Notte

D’où proviennent les textes qui seront lus, s’agit-il de lettres, de textes, de poèmes ? De déclarations ?


Ils proviennent tous de la première partie du livre Les Visages et les Corps écrit par Patrice Chéreau pour son grand projet au Louvre de 2011. J’ai fait un montage de ce texte qui dure une heure. C’est un texte qui allie les souvenirs personnels et une réflexion sur l’art et sur l’artiste en général. Un grand texte. J’ai tout de suite pensé au journal de Jean-Luc Lagarce en lisant ce texte pour la première fois : il contient quelque chose de totalement personnel, d’intime et en même temps il a la capacité de nous rassembler tous à travers le rapport que Patrice livre sur le monde et les êtres qu’il a aimés.


Il s’agit bien d’une part d’intimité, comment la dévoiler en public ? S’agit-il d’un acte impudique ?


Je citerai ici le film de Guibert qui s’intitule Pudeur et Impudeur , c’est exactement ce que je ressens en faisant cette lecture-spectacle. Quelque chose de tout à fait personnel et en même temps, Patrice brouille sans cesse les cartes, les souvenirs s’agencent dans le désordre, prennent parfois des chemins de traverse. L’intime n’est jamais où on l’attend, donc ce n’est jamais pathos. Le texte est un labyrinthe, un grand puzzle et c’est la sensibilité personnelle de chaque spectateur qui trace le chemin. L’émotion naît aussi de cette reconstitution dans l’instant que chacun peut entreprendre en rapport à sa propre vie. Ce texte pousse à l’introspection, celle de Patrice d’abord, puis la mienne et enfin celle du public...


Quelle est aujourd’hui l’implication de Patrice Chéreau dans ce projet ? Quelle forme de présence a-t-il avec vous ?


Patrice a tout d’abord eu du mal à accepter que son texte puisse être joué et dit à voix haute. L’écrire était une chose, que je m’en empare sur scène en était une autre. J’ai dû donc le convaincre que ce texte était une des plus belles choses que j’avais eu à dire jusque là sur scène. Et un jour, il m’a envoyé cette phrase magnifique en réponse : « je n’ai pas le droit de ne pas te rendre heureux ». Ce projet est un passage capital dans mon parcours d’artiste et il l’a compris.


En quoi, alors que vous avez mis en scène les œuvres de Shakespeare, Fassbinder, Marivaux ou Koltès, vous était-il essentiel de vous exposer personnellement de cette manière ?


En tant qu’artiste, on a de plus en plus besoin de se rapprocher de soi dans ses créations. J’ai parfois compris profondément mes choix de textes des années après les avoir montés. Pour ce projet, je suis absolument connecté à mon désir présent. Je ne suis ni nostalgique, ni dans la projection vers l’avenir. C’est l’année de mes 40 ans, Les Visages et les Corps m’aident à raconter l’homme que je suis aujourd’hui entièrement et sans détour.

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