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Les Inséparables

+ d'infos sur le texte de Colas Gutman
mise en scène Léna Bréban

: Note d'intention

Après avoir travaillé sur l’imaginaire en créant Bonjour et Où sont les mamans de Claude Ponti, j’avais envie de poursuivre notre travail sur le théâtre et l’écriture contemporaine pour le jeune public.


L’ADAPTATION


Le Festival Codex m’avait commandé une mise en espace pour Lire en fête à La Villette. C’est à cette occasion que j’ai rencontré l’écriture de Colas Gutman. Colas Gutman est un auteur de romans publiés depuis plusieurs années à L’école des loisirs. Il écrit pour de jeunes lecteurs, des plus petits aux adolescents, avec comme point commun d’aborder des problématiques profondes par le biais de l’humour et de la comédie.


Les inséparables, c’est cela : un sujet grave, traité avec légèreté. Le texte raconte l’explosion d’une famille lorsque le père et la mère se séparent et les relations fluctuantes et mouvementées entre le petit frère (Simon) et sa soeur (Delphine).


Le thème du divorce est un classique de la littérature jeunesse, mais ce qui m’a séduit dans l’écriture de Colas Gutman, c’est son ton vif et irrévérencieux. Que ce soit entre Simon et Delphine, ou avec Pierrette, la belle-mère, les échanges entre les protagonistes ne sont jamais édulcorés :


Pierrette - Qu’est ce que tu veux ?
Simon - Rien.
Pierrette - Alors, reste pas dans mes pattes.
Simon (au public) – Parfois, les adultes vous disent des choses et vous avez envie de les taper.


C’est un récit désopilant pour les enfants, mais également pour les parents, car chacun s’y retrouve épinglé, dans ses travers et ses retranchements les plus inavouables. C’est ce qu’il y a de magnifique dans l’écriture de Colas Gutman, même dans les scènes qui devraient être les plus douloureuses, il parvient toujours à mettre la distance qui fait que l’éclat de rire côtoie l’émotion.


L’écriture du roman étant très dialoguée, l’adaptation théâtrale s’est faite naturellement. Nous avons tenu également à conserver des moments de narration, dit par Simon, afin d’instaurer immédiatement l’adresse directe au public. Cela nous permettait de mettre en place un code de jeu très frontal en lien avec les spectateurs.


MARIONNETTES HUMAINES, GRAND GUIGNOL ET BANDES DESSINEES


Nous nous sommes inspirés des marionnettes.
Le surgissement des marionnettes.
Leur jeu frontal et en connivence avec le public.
Les apparitions, les disparitions…
Les marionnettes, c’est le premier théâtre que l’on rencontre quand on est petit.
Dans le théâtre de marionnettes, les personnages campent des fonctions bien précises. Simon perçoit les gens qui l’entourent (sa famille, ses amis) comme des guignols faisant irruption dans sa vie ou disparaissant soudainement, sans qu’il n’ait aucun contrôle sur la situation.
Nous voulions garder cette sensation de surprise pour Simon et pour le spectateur : il ne sait jamais qui va surgir ni à quel endroit.


L’accentuation des traits
Dans le roman, les personnages sont décrits par le narrateur (Simon). Pour le spectacle, nous avons fait en sorte de conserver cette sensation : lorsque les personnages apparaissent, ils sont joués tels que Simon les voit. Ainsi les enfants de Pierrette (la belle mère), qu’il est obligé de côtoyer, sont ouvertement joués comme des abrutis.


Simon (au public) - Chez Pierrette, un porcelet à lunettes m’incitait à contempler sa porcherie. Porcinet m’a montré ses jouets : des petites voitures. Aucun jeu vidéo à l’horizon, que des miniatures de bolides faîtes avec ses doigts boudinés. J’ai pris sur moi. (à Porcinet ) On fait une course ?


Porcinet - T’es fou ! Ce sont des voitures de collections… Tu peux les regarder, et encore !


Pour trouver la façon de rendre chaque personnage, j’ai demandé aux acteurs de s’intéresser à la technique de la bande dessinée. En effet, dans une case de B.D, le travail du corps et du regard est très précis car on doit faire signe avec très peu de coups de crayon. Nous avons travaillé dans cette direction, en essayant de faire un dessin très précis de chaque personnage, immédiatement identifiable par le spectateur.


Une double épopée se construit devant et avec le public : l’histoire de Simon et Delphine, Les inséparables, et celle du théâtre. On rit donc de la fable mais aussi de la forme. Deux acteurs interprètent les rôles de Simon et Delphine, et deux autres acteurs jouent tous les autres personnages. Dans un enchaînement fougueux d’apparitions et de disparitions, ces derniers jouent tour à tour les parents, les beauxparents, les enfants de ceux-ci, les voisins ou les amis.


Le plaisir du spectateur vient aussi de là, de voir les acteurs s’amuser à changer de voix, ajouter un élément de costume, mettre une paire de lunettes, travailler sur des tailles différentes. En s’inspirant du rythme et de la dinguerie des marionnettes, en travaillant minutieusement sur le dessin des personnages, nous invitons le spectateur à une aventure de guignol moderne sans poupées de chiffons.


Nous racontons une histoire d’aujourd’hui (un enfant confronté au divorce), avec des acteurs de chair et de sang, en se servant de tous les ressorts du théâtre pour faire souffler sur notre table/castelet un décapant vent de folie.

Léna Bréban

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