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Accueil de « Les Abattus »

: Présentation

Le vieux respire trop fort, il va faire une crise d’asthme, ou une attaque, je n’y connais rien en symptômes, je lui dis, ça vient d’où, ça ? le vieux tourne de l’œil, mais que d’un, l’autre est rivé à moi, c’est ça qu’il y avait dans le sac ? Son œil droit reste attaché à moi bêtement fixe, le sac, je dis, le sac dans votre bordel en bas, alors subitement il remet ses deux orbites en position de tir puis il articule, c'est à nous, sans faire la liaison, c'est à nous, je dis, qui ça nous ? il répète, métallique, c'est à nous, non ce fric il n’est pas à vous, le vieux requinqué bizarrement vite a remonté ses lunettes sur l’arête de son nez, il a lâché son cache-cœur, il brandit son poing, la manche de la veste rose glisse le long d’un bras nu débile et flétri, je réalise, il est à poil là-dessous, et il hurle, qu’est-ce que tu fous chez moi, je me lève, je dis, je sais d’où ça vient vous vous êtes mis dans une merde vous n’avez pas idée, c’est toi la merde, il attrape une statuette, je n’ai pas le temps de voir si c’est de la pierre, du bois, de l’albâtre, du bronze, si c’est une danseuse, un chien ou une bergère, la statuette m’arrive dessus, je pare le coup avec mon bras, je n’ai rien senti, raté, mais le vieux remet ça, sors de chez moi salope, et ça se met à voler de partout, des lampes, des cendriers, des cadres, des bouquins, la canne, je bats en retraite, je traverse la salle à manger, l’entrée, et j’ouvre la porte.


Extrait de la première partie « Les vivants » du roman en trois parties Les vivants, Les morts, Les fantômes

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