: Une épopée souterraine
par Fanny Prud’homme, conseillère artistique au Théâtre de la Tête Noire à Saran
La pièce est une épopée souterraine au coeur d'une machine tentaculaire, cathédrale
futuriste, où bâtisseurs et chercheurs repoussent toujours plus loin les limites de l'espace et
du temps. À cent lieues sous terre, l'humanité laborieuse – ici appelée « ceux de la
machine», « les outillés », « ceux de l'ascenseur », « Julie », « le Vieux »... - participe à la
grande entreprise de la quête des origines.
Plus ça creuse, plus on remonte le temps. Claire Rengade réussit ce tour de force
d'imbriquer les temporalités – le « ici et maintenant » et le temps « dit zéro » d'avant la
création. De ce joyeux télescopage sort une cosmogonie inédite avec sa galerie de créatures
où l'on peut y croiser Dieu en "gueule noire", Ulysse, l'homme avant sa naissance, Adam et
Eve...
Cette grotte de début ou de fin du monde s'agrège les diverses strates du temps - social,
universel ou intime. Si la machine devient une matrice métaphysique, elle n'en reste pas
moins un système de production avec ses rouages - plans d'action, stratégie, planning et
hiérarchie.
Composée en vingt quatre mouvements, la pièce se déroule allegro tout en muscle et en
nerf. La parole – toujours adressée - est une musique où la langue chahutée, éclatée,
contorsionnée surgit et résonne. Il y a une fragilité du vivant là-dedans, quelque chose qui
échappe, en équilibre instable, au bord.
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