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40° sous zéro

mise en scène Louis Arene

: A propos de Copi

par Louis Arène

Copi dynamite les codes théâtraux et joue avec les conventions pour construire un univers polymorphe très personnel, tour à tour obscène, cruel, authentique, artificiel, terrifiant ou comique. Il aborde le pire par le rire en mettant en scène les marginaux, les rejetés de la société dans des intrigues souvent extravagantes, voire fantastiques. Son écriture lapidaire semble être produite d’un seul jet et la liberté de son geste crée un entrechoquement de thèmes qui peut dérouter le lecteur. Il n’y a pas de dénouement, pas de leçon à tirer, pas de résolution salvatrice comme le voudraient les conventions du théâtre « classique ». C’est un théâtre sans but ou la vacuité est convoquée comme figure esthétique. Ici, le sens ne se trouve pas dans le signifiant, mais dans le jeu avec le(s) signifiant(s). Il repose sur l’art du rythme, l’agencement des thèmes et le jeu avec les outils théâtraux. La puissance des acteurs, leur imagination, le pur plaisir du jeu sont chez lui synonymes de salut et de catharsis.


L’é c r i t u r e de Copi est une blessure. L’absence de sens apparente fait écho à la folie de notre époque et à un monde devenu incompréhensible face auquel nous ne sommes capables d’éprouver que du doute, voire de l’effroi. Les personnages de Copi sont fous, grossiers, meurtriers, désespérés et débiles parce qu’ils sont les enfants perdus d’une société violente et injuste. Mais ils aiment tant la vie qu’ils s’y arcboutent au-delà de toute raison. C’est pour cela qu’ils pervertissent les normes et qu’ils perdent la tête, changent de sexe, se mordent la queue et meurent pour mieux ressusciter. Ainsi, ils deviennent des monstres sacrifiés qui explosent sur le plateau la prison de la normalité et de l’ordre social. Copi danse au milieu d’un champ de bataille où la poésie, le rire et la joie mènent une guerre sans merci contre le réel, les riches, les systèmes établis, les conventions, les certitudes, la violence et la domination idéologique. Son arme la plus redoutable est son rire. Un rire qui met à égalité le trivial et le sublime. Un rire qui tient tête au cynisme des dominants et à la rationalité qui vide notre quotidien de la poésie. Pour moi, ce rire est politique. Ce rire est révolutionnaire

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