Il est question de la (quasi)disparition de toute une population et, avec elle, des dernières traces d’une langue rare : perte catastrophique pour le patrimoine linguistique de l’humanité. Voilà pourquoi il devient urgent de nommer un expert chargé de ramener des informations cruciales sur ces Quasi-Monténégrins…

Quasi-Monténégrins : population de 354 habitants dont 0,5% parlent une langue dont il n’existe que deux enregistrements au monde.
Bénéficiaire d’une prime de 6200 euros en tant que PRR (Peuple Rare et Résistant).
N’est plus répertoriée depuis deux ans, entrée depuis dans la CHB (Catégorie des Habitants Flottants).
En passe, d’ici un an, de rentrer dans la catégorie des PN (Populations Noires) si aucune trace de son existence n’est trouvée.

La pièce de Nathalie Quintane est une étrange enquête : des personnages tout entier définis par leur fonction vont peu à peu y échapper, happés par le mystère des Quasi-Monténégrins et de leur langue, le Quasi. Si le texte respecte certains des codes formels du théâtre le plus classique – dialogue, monologue, choeur – c’est pour mieux les subvertir et interroger les formes de la représentation théâtrale contemporaine. Très loin de toute visée didactique, Les Quasi-Monténégrins propose une lecture critique de notre société toute entière traversée par des institutions, organisations, missionnées par l’expertise et la taxinomie des formes de vie.

La pièce est surtout une comédie du langage qui s’amuse à brouiller les pistes…

S’il n’y a de langue que parlée, utile à une société, que faut-il penser de celle des Quasis, impossible à s’approprier, impossible à articuler, d’une langue qui se nie elle-même ? Un peuple qui ne peut parler une langue est-il un peuple réel ? Mais alors, une langue que ne parle pas un peuple est-elle une langue possible ?