: Note artistique
Une affaire de langue. Il ne s’agit pas de violence réelle mais de violence dans la langue : violer la grammaire, détruire la langue officielle pour inventer une autre réalité.
Nous avons, d’un côté, toutes les institutions
officielles du langage qui sont les machines
ressassantes : Église, École, Sport, Pub, Chanson,
Information ; celles qui redisent toujours la même
structure, le même sens, les mêmes mots.
De l’autre, l’envie irrépressible de saper l’ordre
moral, le besoin impérieux de tromper
l’ennui (même avec l’horreur), de se débrider
dans les plaisirs les plus pervers.
D’un côté, un aplatissement de masse lié à la
répétition du langage ; de l’autre, un emportement
marginal, excentré vers l’inconnu (le nouveau).
Un emportement éperdu qui pourra aller jusqu’à
la destruction du discours. Les Présidentes
tuent la petite Marie car elle invente sa propre
langue imaginaire.
Prises d’angoisse par peur de l’inconnu, elles la tuent. Il s’agit de forcer la vision de la catastrophe de sorte que le spectateur tellement provoqué par la réalité décrite devra développer sa propre énergie. Cela ne se raconte pas. Il faut traiter les images choc, percer un mur pour trouver la vraie vie.
Dans une proximité absolue, au milieu de
l’obscur, le spectateur assistera à une expérience
ritualisée. Une mutation ou plutôt une transmutation
va avoir lieu. Le spectateur sera pris dans
le spectacle, dans une proximité étonnante comme
un invité. Invitation à concevoir lui aussi, à être
en “état” d’imaginer. Il sera par cette fascination,
lui aussi, à l’origine du rituel ; puisqu’il y faut
des officiés et des officiants. Nous assisterons donc
à une étude clinique dont l’objet est : comment
digérer l’autre par la langue ?
Apparaîtront donc dans cette obscurité (ce sera
légèrement cauchemardesque) comme sur
une table chirurgicale, trois figures de femme,
trois figures de nos idéologies désastreuses.
On y verra la langue originale de Schwab
iconoclaste, entre Rimbaud, Rabelais et Sade.
Selon notre vocabulaire scénique, nous créerons un espace où trois éléments seront indissociables : l’installation plastique et sonore, la lumière et le texte, incarné par les comédiens. Les Présidentes seront jouées par des hommes que l’on verra entrer et sortir de leurs “costumes-masques” parce que cela parle aussi du mensonge et de l’illusion.
Le ton sera tragico-burlesque car nous tenterons comme toujours par un rire possible une mise à distance de nos peurs. Sur les planches, chasser et purifier par la transe les malaises d’une société qui nous échappe.
Solange Oswald
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