: Note de mise en scène
Par Lionel Lingelser
UNE HISTOIRE INTIME
On me raconte l’histoire des Possédés d’Illfurth depuis que je suis tout petit. Elle s’est passée dans
mon village natal, et mon grand-père vivait dans la vieille maison de la famille Burner. Cette histoire
m’a toujours fascinée. De quel « mal » étrange étaient atteints ces deux petits garçons ? Quel est
ce « diable » qui a pénétré leur âme ? Si ces questions ont pu me hanter plus petit, aujourd’hui,
d’autres interrogations surgissent.
Comment nos croyances façonnent notre rapport au réel, à la morale ?
Pourquoi avons-nous besoin de croire ? Aujourd’hui, par quoi nous laissons nous posséder ?
Ce spectacle rend hommage à la part d’enfance et d’innocence où tous les fantasmes sont
possibles et qui aide l’imaginaire à se transformer en un refuge, une forteresse inébranlable face
aux assauts du réel.
COMMANDE D’ÉCRITURE
J’ai découvert le travail de Yann avec son texte Ogres, dont une lecture avait été donnée au Théâtre
du Vieux Colombier par la Comédie-Française en 2015 : un texte engagé, politique et
profondément moderne qui traite de l’homophobie, rempli d’amour, un manifeste à la tolérance.
Curieux d’en lire davantage, je me suis plongé dans ses autres textes. J'ai découvert la richesse de
son écriture : du jeune public au documentaire fiction, du conte revisité au scénario de film à un
théâtre politique... Yann possède un univers multiple et surprenant qui arrive à conjuguer force du
propos, poésie et humour. J’aime sa foi dans la force cathartique du théâtre, la puissance
émotionnelle qui guide toute sa dramaturgie et notamment le rôle du conte dans la construction
identitaire face au genre, au harcèlement... J'ai entrepris une première approche de son écriture
en montant Alice (une réécriture d’Alice aux pays des merveilles) avec des élèves du collège
d’Hirsingue. Yann et moi sommes de la même génération, nos sensibilités se rencontrent.
Avec Les Possédés d’Illfurth, je lui ai fait confiance pour accompagner mes intuitions esthétiques
et s’emparer de cette histoire pittoresque qui, bien au-delà d’un simple fait divers, questionne
notre capacité à croire et notre rapport contemporain au spirituel, au bien et au mal.
MUSIQUE ET ILLUSTRATIONS
J’ai demandé à Claudius Pan, artiste pluri-disciplinaire, de créer la musique du spectacle. Son univers singulier et fantastique sert ce conte moderne entre chant sacré, musique des années 80 et techno...
COLLABORATION À LA MISE EN SCENE
Louis Arene, mon compagnon de toujours qui codirige le Munstrum à mes côtés, m’a assisté tout au long des répétitions. Metteur en scène des deux derniers projets de la compagnie Le Chien, La Nuit et le Couteau et 40° Sous Zéro, son regard aiguisé et inventif a su nourrir mes ambitions artistiques. Il a lui-même fait l’expérience du seul en scène en tant qu’acteur, auteur et metteur en scène avec son tout premier spectacle La Dernière Berceuse, à la place de collaborateur à l’écriture et à la mise en scène avec La Loi des Prodiges de François de Brauer et Tue-Tête de Judith Chemla
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