theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Les Ponts »

Les Ponts

d'après Bruene de Tarjei Vesaas
mise en scène Stéphanie Loïk

: Présentation

Dans deux maisons jumelles d’un village norvégien vivent Torvil et Aude, ils ont seize ans. Derrière les deux maisons, s’étend la forêt. Devant, un pont s’arc-boute. C’est l’automne. Dans la forêt, Torvil et Aude découvrent un nouveau-né mort. Ils l’enfouissent sous des pierres et des feuilles mortes. Le lendemain, il a disparu. C’est Valborg, la jeune mère célibataire, qui l’a jeté dans la rivière après leur départ. Les trois jeunes gens font connaissance. Ils se rejoignent en secret dans la forêt. Ils parlent. Torvil tombe amoureux de Valborg. Aude les laisse seuls et s’en va affronter le vent. Valborg croyait Torvil et Aude frère et soeur, non amis et presque fiancés. Elle ne veut pas les séparer et repart à la ville. Sur le pont, Valborg qui s’éloigne et Aude qui revient se croisent une dernière fois.


Les actes de la vie s’inscrivent dans les corps et les corps dans les lieux. On se cache dans une forêt pour accoucher ; on se croise sur un pont. Un chien voyage à travers les rêves de chacun et la nuit les relie. Qu’on s’approche, les mains se touchent. Qu’on s’écarte, on disparaît.


Nous sommes partout dans la forêt. Quand il n’y a personne, l’air même est saturé de souvenirs. Nous sommes les endroits où les paroles sont tombées, vivifiantes ou fatales, paralysantes ou encourageantes. Nous sommes ces endroits agréables et habités, les endroits que l’on n’oublie jamais, ceux qui, malgré leur air insignifiant, se gravent dans l’esprit des gens jusqu’à leur mort : une pierre ou deux pour s’asseoir, un tendre feuillage de printemps et le ruisseau presque asséché d’un début d’été. Nous sommes les temps éternels et tous les dieux à la fois. Chaque pas est un souvenir. Si cela était visible, nous apparaîtrions un tissu d’ombres vivantes.


Vous avez entendu ? Rien ne crie, rien ne dit beaucoup, ce sont des voix qui parlent, qui prononcent des paroles cousues de bruits et de silences, de temps, d’espoirs et d’inquiétudes. Des voix qui disent nous ou je, ce sont la voix du chien, la voix de la forêt, la voix des ponts.


Avec cet incipit où d’emblée, un décor élémentaire se trace tel une épure et cependant lesté d’une symbolique forte : « il y a le vent lancinant qui vient de loin et, sur la rivière, le grand vieux pont de pierre où passe la route ». C’est tout, et c’est TOUT : lieu de l’action, lieu symbolique, la rivière, frontière entre l’enfance et l’âge adulte, la forêt, entre lieu sauvage de vie et de mort, et les maisons domestiques. Le pont qui permet le passage. Le vent, souffle vital et mortel. Des pulsions, comme la rivière archaïque, indifférente, dont le courant emporte tout dans ses profondeurs-le cadavre du nouveau-né -. Mais aussi flux du devenir et de son mouvement « plein de force et de beauté » jusqu’à la scène finale où Aude va, décidée et légère.


Récit polyphonique, troublant porté par un « nous » multiple (bêtes, endroits, temps, herbe, « cris anonymes », « le vent derrière le vent ») et deux phrases pour finir : « Nous sommes là où tout le monde se trouve et là où il n’y a personne. Chaque nuit, nous cherchons ». Les Ponts est le dernier roman écrit par Tarjei Vesaas.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.