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Les Papillons de nuit

mise en scène François Rancillac

: Présentation

Il y a quand même des joies dans la vie !… Vous cherchez désespérément une pièce de théâtre pour quatre jeunes comédiens et un autre plus aguerri (c’est la distribution-type du Piccolo), vous êtes écœuré de lire en général et dégoûté de la littérature dramatique en particulier, vous songez non pas au suicide mais à renoncer à mettre en scène la prochaine « Comédie des champs » (quel est le pire ?), quand soudain un petit livre, à la modeste couverture noire et blanche, vous fait signe au bout du rayon : d’un geste las vous le prenez (vous avez beau être désespéré, vous n’avez pas perdu la foi !), vous lisez le début (fatidique, la première page, ça passe ou ça casse !), vous souriez aux premiers mots, à la quatrième réplique vous éclatez de rire dans la librairie (on vous regarde, mais qu’importe quand on vient de découvrir le saint graal !), à la fin de la scène vous décidez ni une ni deux de l’acheter sans plus attendre, vous vous précipitez dans le premier café aperçu dans la rue et, entre trois expressos (expressi ?), vous plongez tête en avant, en vous tordant de rire page après page (malgré, là encore, bien des regards… jaloux ?). Bref, j’avais trouvé ce que je cherchais vainement, idéal et idoine, un vrai petit bijou d’humour et d’humanité à la sauce québécoise : Les Papillons de nuit de Michel Marc Bouchard. J’étais sauvé.


Imaginez un chalet à louer en pleine forêt, l’été. C’est là que Bernadette (« technicienne de surface » hospitalière, depuis peu à la retraite) a décidé d’offrir une semaine au vert à sa fille unique, Carmen (policière de son état), histoire d’être un peu ensemble, pour une fois… Mais Bernadette a aussi un plan en tête : inquiète de voir Carmen désespérément célibataire, elle a fait passer en secret et en son nom une petite annonce matrimoniale : seize prétendants sont attendus au chalet durant la semaine ! Ce qui n’est évidemment pas du tout du goût de la jeune fille, furieuse de voir sa mère s’immiscer dans sa vie privée, certes compliquée, mais quand même ! Cela ne serait rien si les deux femmes ne réalisaient bientôt que le chalet loué était encore habité par un locataire, un jeune entomologiste misanthrope, spécialisé dans la chasse aux papillons de nuit. Et cela serait peu de chose si les deux femmes et le jeune homme ne découvraient bientôt que deux jeunes prisonniers en permission d’un jour sont en train de les dévaliser… Comme de bien entendu, chacun va tomber amoureux de sa chacune et de son chacun (qu’importe le sexe, pourvu qu’on ait l’ivresse ?), au grand désarroi de la mère, qui a bien du mal à y retrouver ses petits.


Quiproquos, malentendus, chassés-croisés, faux noms, etc – toutes les composantes d’une comédie sont ici réunies avec une habileté confondante, menant l’intrigue de rebondissement en surprise. Pourtant, le rire est ici révélateur d’un monde qui déraille et de personnages au bord de la crise de nerf : il y a chez chacun une quête effrénée d’amour contrariée par une peur panique de s’y abandonner (suite à de douloureuses déconvenues sentimentales à répétition) : imaginez comment roule une voiture en quatrième vitesse avec le frein à main… Alors pour se protéger des autres (mais surtout de soi), chacun s’est caparaçonné, blindé derrière un uniforme (Carmen, la policière), une passion (Ludovic et ses papillons), une manie (Jérémie et Mario et le vol), une obsession (Bernadette et la propreté). Mais, grâce à la magie de la nuit (grâce aussi aux imbroglios sans fin qu’aura provoqués Bernadette, avec la complicité de l’auteur !), ces hommes et ces femmes vont tournoyer autour du foyer ardent qu’est l’amour jusqu’à se rencontrer, s’entrechoquer, se fuir et se retrouver enfin, comme les papillons de nuit cherchent inlassablement l’âme-sœur toute une nuit durant, en voletant autour de la lumière d’un lampadaire, quitte à s’y brûler les ailes…


François Rancillac




La pièce


Les Papillons de nuit penche résolument du côté du vaudeville. Mais dans cette pièce et dans toute son oeuvre, les personnages inventés par Bouchard semblent comme bridés par une société qui lamine inexorablement les désirs, les différences et les singularités, étouffés par une famille omnipotente (où l’amour maternel frôle souvent le harcèlement !), coincés dans des rôles sociaux, sexuels ou affectifs à tenir coûte que coûte pour se donner au moins l’illusion (à défaut de vivre vraiment) d’avoir une place, parmi leurs semblables. Et quand une goutte fait enfin déborder le vase, quand le rideau doit absolument s’ouvrir avant que tout n’explose, ce sont bien des êtres humains au bord de la crise de nerfs qu’on découvre, se débattant avec eux-mêmes comme en état de noyade ou d’asphyxie.


Car chez Bouchard, le désir de vie est toujours plus fort que le renoncement ; le besoin d’amour finit toujours par déborder toutes les digues, toutes les armures, tous les refoulements. Alors le monde parfaitement lissé et patiemment claquemuré depuis des lustres se lézarde soudain et vole en morceaux ! Les repères se brouillent, les identités s’affolent, la raison en perd son latin, les masques tombent et les passions s’exacerbent. Tels des boxeurs coincés sur le ring de l’amour, il faudra atteindre l’épuisement complet des stratégies d’évitement et de résistance pour qu’ils lâchent enfin, pour qu’ils s’acceptent eux-mêmes et, du coup, acceptent l’autre.




La scénographie


Quel décor inventer pour ce conte moderne que sont Les Papillons de nuit dans l’espace de jeu déjà si particulier qu’est le Piccolo ? La nature majestueuse du Canada ? A éviter ! Un chalet au bord d’un lac ? Redondant… Une chose est sûre : il ne faut pas enfermer cette fable iconoclaste et débridée dans les limites convenues d’un décor naturaliste ! L’essentiel n’est pas l’environnement, mais bien ce que vivent les personnages au cours d’une folle nuit d’été : leurs états d’âme.
C’est pourquoi François Rancillac a fait appel au talent si personnel du scénographe Steen Halbro, qui est d’abord un peintre, et qui pense l’espace théâtral en tant que tel (c’est son univers pictural que l’on peut d’ailleurs retrouver de saison en saison sur les plaquettes et brochures de La Comédie). L’imaginaire à la fois si radical et généreux de Steen Halbro permet d’emblée d’emmener les Papillons hors de tout réalisme, dans un espace de couleurs, d’intensités, d’énergie.
Les spectateurs se trouveront donc dans une boîte lumineuse (le Piccolo) qui fonctionnera comme un amplificateur d’émotion… Tout l’intérieur de la boîte, réunissant acteurs et spectateurs, sera habillé de neuf, bardé de stries, de taches, de zébrures, d’ondulations colorées peintes à même les parois du Piccolo par Steen Halbro, qui seront autant d’évocations de l’humeur électrique et de l’énergie vitale, organique des personnages de cette folle comédie. Le décor enclot ainsi l’espace mental de ce Songe d’une nuit d’été moderne, changeant de couleur ou d’intensité au gré des péripéties et des rebondissements de la pièce.




Comédie des champs
Saison 2006 - 2007


C'est la quatrième année que Le Piccolo de La Comédie de Saint-Etienne part sur les routes de la Loire et de la Haute-Loire pour rencontrer de nouveaux spectateurs. Le projet de décentralisation sur le territoire de La Comédie de Saint-Etienne s'installe petit à petit dans le paysage culturel rhône-alpin et devient une référence au niveau national. Le cœur de ce projet est un spectacle créé pour l'occasion dans un espace spécifique – Le Piccolo - théâtre ambulant que l'équipe de La Comédie monte dans les salles municipales ou les gymnases d'une quinzaine de villes partenaires.


Cette année, François Rancillac sera le chef de troupe avec un texte de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard, Les papillons de nuit.
Pour constituer l'équipe de comédiens du Piccolo, François Rancillac a réuni autour de Sophie Barboyon, comédienne lyonnaise aguerrie, qui était déjà dans le spectacle en appartement de La Comédie Chaque pas que fait le soleil, quatre jeunes comédiens tout juste sortis de l'Ecole du centre dramatique et associés eux aussi à la saison : Pauline Laidet, Anthony Breurec, Antoine Sastre et Riad Gahmi. Ils donnent rendez-vous aux habitants des communes partenaires pour des « avant-goûts » (petites formes théâtralisées sur le fil de l’amour) prévus quelques jours en amont des représentations.


Cette année, les répétitions auront lieu aux ateliers de décor de La Comédie à la Talaudière à partir du 12 février et elles seront ouvertes au public tous les soirs à 20h du 12 au 23 février.


Le Piccolo : C’est une toile qui encercle un espace dans lequel peuvent se retrouver deux cents spectateurs et des comédiens, et c’est déjà un théâtre. Décorations colorées, lumières intimes, fauteuils confortables, notre petite salle ambulante, toute de toiles tendues, est une invitation à rêver de théâtre.
De structure légère, le Piccolo peut s’installer dans les gymnases, salles des fêtes… Il se monte en une journée et les acteurs sont prêts dès le lendemain à vous faire rêver et à vous émouvoir.
Le Piccolo est prévu pour durer. On espère une dizaine d’années. Tous les ans, un nouveau metteur en scène est invité à créer un spectacle dans le cadre du projet de décentralisation. Le Piccolo sera le cadre obligatoire de ces créations.

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