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Les Névroses sexuelles de nos parents

+ d'infos sur le texte de Lukas Bärfuss traduit par Bruno Bayen
mise en scène Bruno Bayen

: Présentation

L’Histoire


Pendant des années, la jeune Dora a vécu dans les ténèbres psychiques, sous l’influence de tranquillisants administrés par son médecin et ses parents. Il s’agissait de la protéger, elle et son environnement, de son altérité psychologique, qui s’exprimait surtout dans des épanchements de sentiments incontrôlables, et de lui permettre de mener une vie « normale » ; elle parvient même à trouver un travail, comme auxiliaire dans une boutique de légumes où l’a généreusement embauchée un patron bienveillant. Un jour, à la demande de sa mère, on arrête les médicaments - la mère voudrait découvrir la véritable personnalité de sa fille. Dora s’éveille de sa docilité artificielle : elle développe un immense appétit de vivre, montre sa propre volonté et découvre, surtout, sa sexualité. Et ce dans une mesure qui dépasse largement le point de vue des adultes sur la vie que devrait mener Nora. Elle se met donc en ménage avec un représentant en parfums qui la maltraite et la viole. Ses parents sont effarés, mais pour Dora cela apparaît comme une manière de sortir d’un environnement trop protégé. Les mises en garde et les conseils de son médecin, des parents et des employeurs ne l’atteignent plus, elle ne se force à rien, touche avec ses opinions naïves et exprimées sans la moindre inhibition les points faibles d’un monde adulte qui a l’apparence de la tolérance, et profite sans la moindre gêne de sa joie de vivre. Au bout du compte, celle-ci n’est même pas atteinte lorsque les parents, dans un acte de double-morale fondé sur la croyance qu’ils doivent intervenir dans la vie de Dora, l’envoient subir un avortement et la font stériliser de force.




À propos de la pièce


Lukas Bärfuss décrit la situation de Dora avec une concision objective, dans des scènes dont l’épice laconique révèle combien de peine on y a consacré. Il se garde de tout commentaire sur la problématique sociale explosive, que l’on aurait aussi pu tirer de cette histoire. Il ne prend ni position, ni parti. Il observe et il montre. Il observe certes avec le regard légèrement malveillant du satiriste sur des gens dans le malaise, ce qui signifie que ses scènes prennent toujours le chemin le plus direct vers le point critique, mais il n’accuse pas. Il n’y a jamais de place pour le discours édifiant autour de la bouillie brûlante. Et c’est cette retenue qui fait la force de sa pièce. Avec Dora, évidemment. Il n’en fait ni une héroïne, ni une sainte, et encore moins une victime misérable. Il ne se place pas devant elle, omniscient. Il l’observe avec une distance presque timide. Il est tout à fait précis lorsqu’il s’agit des détails de son comportement, mais il ne l’écrase pas sous les connaissances de l’auteur. Ainsi, on ne lève pas le mystère de sa naïveté, pas plus que celui de son indestructibilité. Et ce n’est pas seulement bien ainsi. C’est beau.


Dorothée Hamerstein

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