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: J’abîme l’homme, je sauve l’enfant

La pulsation des veines de l’homme fixe capturée par le scrutateur, Les Hommes dégringolés.


Les Hommes dégringolés.


C’est une attitude. Ouvrir un regard sur l’état du monde jusqu’au chavirement. Précipiter l’espèce humaine en soi, ses guerres, ses fantaisies, ses colères, ses soulagements, ses peurs, son amertume, sa légèreté, son sens de la dérision aussi… Se reconnaître en elle, multiple et vivant à cause de cela. Toujours s’exposer. Je pense à une phrase, je crois qu’elle est de Maurice Piaget et elle dit à peu près cela : « Celui qui refuse en lui la pluralité n’a aucune conscience de son individualité ».


Avec Christophe Huysman, nous avons relu le texte ensemble pour trouver le corps de chacune des prises de parole. Au centre du récit, un poète, unique personnage de cette histoire. A travers lui, des figures qui s’incarnent. A chaque fois différentes. Une multitude qui investit le corps d’un seul. L’homme de Visegrad, l’Orpheline de Brno, la Main Blanche du réalisateur, Saïd de Bethléem, la ville de New York… Ou de façon plus abstraite, l’effroi ressenti dans un musée, la suspension du temps sur le pas d’une porte… Une succession de fragments d’intensités, sans cohérence narrative, une perception du temps et un sens de l’orientation fragile. Un collage désordonné comme seule la mémoire peut l’être. Celle du voyage et celle que le voyage réveille.


Il faut imaginer Les Hommes dégringolés comme un oratorio. L’espace est un lieu unique, propre à recevoir des images sonores et visuelles (vidéo), un champ expérimental où sous plusieurs formes de langage se déploie la mémoire d’un être. Sur scène, il y aura trois acteurs. Chacun prendra en charge une part du récit, sous forme de relais. Et puis ce texte n’a pas fini de se composer. Des parties devront être abandonnées au cours des répétitions, d’autres corps bouleversés apparaîtront, et des prises de parole déjà écrites que nous choisirons d’intégrer ensemble pour le spectacle.


La perception sensorielle m’a toujours guidé dans le travail, et c’est exclusivement par elle que ce texte m’est parvenu. Je pense à la tenue des corps en scène, les voix, les sons, les rythmes, les images, la lumière, l’espace… Il y a des formes à inventer pour que se délivre sur le plateau ce que la lecture des Hommes dégringolés ne peut que nommer pour un seul.


Olivier Werner
Octobre 2000

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