theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Les Habitants »

Les Habitants

mise en scène Stanislas Nordey

: Rencontre avec Stanislas Nordey

Extrait du journal n°13 de Théâtre Ouvert :


Le deuxième texte de Frédéric Mauvignier, Les Habitants, est créé par Stanislas Nordey en mai 2005 à Théâtre Ouvert et ce, deux ans après sa publication en Tapuscrit.
Alors que les répétitions avec Frédéric Leidgens et Stanislas Nordey n’étaient pas encore commencées, voici quelques impressions croisées : de l’auteur sur sa rencontre avec les deux comédiens ; de l’un des comédiens sur sa lecture des Habitants. Des impressions, en amont du spectacle, pour cerner des zones d’échange, les promesses d’un spectacle à venir.



Rencontre avec Stanislas Nordey


Je l’ai rencontré. Théâtre Ouvert m’avait prévenu. J’ai rencontré Stanislas Nordey. Il m’a dit qu’il voulait monter Les Habitants, qu’il voulait jouer dedans. Je n’ai rien dit. Je pensais avoir encore de la chance, après être publié dans cette collection Tapuscrit, voilà que mon texte intéresse un metteur en scène. Et ce n’est pas si simple. Rien n’est plus incertain que l’écriture, rien n’est plus incertain que le théâtre, rien n’est plus improbable que le théâtre.


Je pensais que c’était bien qu’un metteur en scène me dise je veux monter ta pièce. Aussi, je pensais que c’était dans l’ordre des choses. Qu’une pièce, une fois écrite devait être publiée et jouée. Je pensais aussi que cela ne m’arriverait pas. Je pensais d’ailleurs à autre chose, à d’autres projets d’écriture.


Lui, il écoute, serein, attentif. Il m’écoute, et chaque mot que je lui donne est comme une contorsion du gosier, nous buvons du café et je fume cigarette sur cigarette, je commande café sur café, des doubles, il se lève pour me chercher un cendrier, je suis étonné.


D’habitude, avec les metteurs en scène, les directeurs de théâtres, les acteurs, on parle, on compare ce que l’on a vu ou entendu. D’habitude, nous parlons théâtre, d’habitude il faut parler théâtre.


Nous avons parlé d’homme à homme, nous avons parlé de nos convictions, nous avons échangé sur ce que nous sommes, nous avons parlé de sensations, nous n’avons pour ainsi dire pas parlé littérature, nous avons parlé de comment elle se fabrique. Stanislas ne lit pas un texte de théâtre, il va dedans. Et quand il lit, c’est le texte qui transpire de partout, plus encore que les mots eux-mêmes, le texte, avec Nordey, on le voit. Et il est là, prêt à se rompre sous nos yeux, avec énergie et virulence, il transmet la tension nerveuse, le fatal que représente l’écriture, l’éjaculation qui la fait exister et qui en fait son dénouement. Je me livre à lui. On crayonne des bouts de schémas sur du papier. On échange nos perceptions, nos impressions. On tente de se rencontrer, de trouver un langage commun.


J’ai découvert un fou, un fou viscéralement amoureux de théâtre, amoureux de la langue. Il se l’approprie, l’ingurgite et nous la crache, non, il nous l’offre, fixement, il porte les mots même dans les yeux, il soutient du regard, il ne nous laisse pas d’autre choix que d’écouter le texte qu’il transmet, il se dresse entièrement et laisse rendre compte du mécanisme des mots accumulés, laisse apparaître sa mécanique à lui, un peu tordu d’abord et qui s’ouvre sur les autres, pour les autres, avec ce souci qu’il a, lui Nordey, de rendre compte de ce qui nous entoure, et les mots sortent de lui avec générosité, avec respect. Respect. Stanislas ne juge pas, il se questionne.


Je ne savais pas ce que je pouvais dire, ce que je devais écrire. Il y a un truc dont je suis sûr par contre, c’est de la considération qu’il porte aux textes, aux auteurs et l’envie de nous transmettre l’écriture théâtrale comme quelque chose d’inhabituel, quelque chose d’inéluctable.

Frédéric Mauvignier

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.