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Les Grands plateaux

+ d'infos sur le texte de Denis Lachaud
mise en scène Jean-Philippe Naas

: Note d’intention

Sur scène, il y a des lignes dessinées au sol.
Un gymnase, peut-être.
Sur scène, ils sont neuf, neuf hommes.
Ils s’échauffent, ils se préparent.
Pour jouer.
Et puis, ils commencent à parler, à se parler.
Ils se parlent d’amour, de leurs amours, de leurs déceptions, de leurs espoirs...
Dans ce monde qui court à toute allure, de plus en plus vite, jusqu’à se dépasser, ils se demandent comment naît encore le désir de l’autre.


Vouloir parler d’amour au théâtre, c’est provoquer une tension. Le théâtre est le lieu de la parole. L’amour, quant à lui, nous entraîne plutôt du côté de l’intime. Pour faire surgir les mots et le sens, j’ai passé commande à Denis Lachaud, écrivain. Dans ses romans, il s’aventure dans l’intimité des gens qu’il imagine et dans l’intime du lecteur. Il explore de manière récurrente des thèmes tels que, la mort, la quête d’identité et l’enfance. Autant de territoires qui rejoignent les centres d’intérêts de la compagnie et qui nous relient. Denis est aussi comédien et auteur de théâtre, il connaît le plateau, la puissance des dialogues.


Parler d’amour aujourd’hui, c’est engager une réflexion sur la confrontation du réel des premiers émois et des images qui nous entourent. La présence de Laurent Pernot, plasticien et vidéaste, à mes côtés depuis plusieurs spectacles m’incite à accorder pour la première fois un rôle central à l’image et aux technologies numériques. Si je fais le choix de diffuser des images en mouvement sur un plateau de théâtre, c’est pour convoquer des temporalités, des rythmes et des géographies radicalement différents. L’image en temps réel et différé permettra de rendre compte de l’instabilité de ce que nous percevons, de la notion d’intimité qui se trouve souvent fantasmée, de la complexité des liens qui unissent le corps vivant et son image filmée, et enfin, de la fragmentation des émotions propres à chacun.


Parler d’amour sur un plateau de théâtre s’est s’offrir un espace et un temps de résistance face à une société de consommation où l’impatience, l’instantanéité et le temps réel dominent. Selon Paul Virilio[1], philosophe et urbaniste, nous sommes gouvernés par une technologie qui va beaucoup plus vite que l’homme. Grâce aux moteurs de recherche, toute question obtient une réponse dans la nanoseconde. Nous avons créé un temps accidentel, un instant inhabitable qui n’appartient ni au passé, ni à l’avenir. Et quand on augmente la vitesse, on augmente l’impatience.


Les grands plateaux c’est un spectacle sur l’amour, parce que défendre l’amour pour citer Alain Badiou[2], c’est faire confiance à la différence au lieu de la soupçonner.

Notes

[1] Le futurisme de l’instant, Paul Virilio - Galilée

[2] Eloge de l’amour, Alain Badiou - Flammarion

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