L’œuvre des Femmes Savantes possède un thème majeur qui fait bien souvent écho dans notre actualité : l’imposture de la connaissance, du savoir zélé, de la communication transformée, qui ouvre la porte à tous les excès, à la Folie.
Ici la féminité, combat cher à Molière, prend une autre tournure face à l’imposture. Il nous expose trois femmes qui, sur la volonté d’émancipation par l’Esprit, ont brûlé toute féminité en elles et se fourvoient en méprisant l’Amour au nom des beautés actuelles, confinées et ridicules.
Il m’est donc nécessaire de rechercher chez les comédiens un dynamisme de jeu où la folie des propos domine sans relâche, donnant vie à une galerie de personnages aux excès hilarants : du lâche Chrysale à la dragonne Philaminte, en passant les folles visions amoureuses de Bélise à la fierté extrême d’Armande, les caractères générés offrent une intensité scénique hors du commun, propre à la puissance d’une comédie.
Cependant l’imposture reste un drame social et celle-ci s’est appropriée au nom de l’Esprit absolu le quotidien de cette famille. Je vois alors une maison bourgeoise déformé, le salon est transformé en salle d’étude surélevée où livres épais et bibliothèques massives enferment ses occupants dans une solide tour d’ivoire. Du haut on y trouve des « savantes » en veste queue de pie, un troupeau bavard qui jacte sans arrêt sur les moindres inepties offertes par Monsieur Trissotin dont le ramage affectif de ses poèmes à l’Acte 3 fera tourner les têtes de ses précieuses auditrices, volontairement jeunes afin de mettre en avant le danger d’un pouvoir sans Raison. On rit de tant d’orgueil mal placé. On se libère de ce fanatisme qui aujourd’hui nous évoque d’autres visages. On ne peut que se mettre en garde face à la suffisance de nos jugements. Tels sont les enjeux de cette mascarade où la Science condamne l’Amour, où les idéaux s’opposent à la vie, donnant au spectateur matière à rire et à frémir.