Sur scène, cinq femmes racontent leur Barbe-Bleue. Chacune semble avoir succombé sous les coups d’un barbu différent, mais c’est toujours une histoire d’amour et de mort, de désir et de violence. À une époque où on balance les porcs, Lisa Guez n’explore pourtant pas ici la psyché du prédateur mais la volupté que peut éprouver la proie : qu’est-ce qui pousse des femmes à endosser des rôles sociaux où elles s’interdisent toute liberté ? Quelle part d’ombre, dans la relation amoureuse, nous pousse à consentir inconsciemment à notre propre perte ? Dans cette quête, l’entraide féminine n’est pas incarnée par une soeur Anne guettant l’arrivée, dans le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie, de sauveurs de sexe masculin. En ouvrant grand la porte du cabinet sanglant, les femmes du monstre mettent au jour leurs propres noirceurs et s’encouragent, fût-ce post mortem, dans une lutte revivifiante pour changer le cours de leur histoire et chasser la Barbe-Bleue qui se cache en elles. Écrit collectivement à partir d’improvisations des comédiennes, Les Femmes de Barbe-Bleue revisitent le conte avec un humour féroce.