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Les Femmes de Barbe-Bleue

Lisa Guez ( Mise en scène )


: Note dramaturgique

par Valentine Krasnochok

Ecrire à partir d’improvisations de comédiennes, c’est savoir écouter la langue : le vocabulaire spécifique à chacune, la syntaxe, les tics de langage, les thématiques, les obsessions. Mettre en relief la langue de chacune en dégageant ses spécificités.


Certains mots aussi, certaines sonorités, sonnent mieux dans certaines bouches. Une actrice aura cette manière toute particulière de parler avec ce léger chuintement touchant et drôle ou avec la pointe d’un accent, faisant entendre la fragilité d’un mot, sa grâce, ou donnant à entendre sa proximité avec un autre phonème donc amenant magiquement à un autre sens. Une seconde aura un goût naturel pour les jeux de mots et les associations de pensées. Une dernière instinctivement construira tout son discours par phrases très courtes et incisives.


Puis il faut faire le tri, organiser la pensée, s’inspirer d’une idée trouvée en impro mais la placer à un tout autre endroit où elle acquiert tout son sens et sa force dans le récit. Trancher parfois en amputant tout un développement mais dont la comédienne gardera toujours une trace qui l’habitera lors de l’interprétation. Faire un choix définitif sur l’univers du personnage, sa façon de s’exprimer, son niveau de langage, son culot ou sa pudeur à dire certaines choses...


Négocier parfois aussi, essayer d’influencer le cheminement de la pensée, exiger parfois le choix de certains mots, pour créer des échos entre les textes mais aussi une unité de sens entre tous ces témoignages.


Ecrire directement avec la parole a été un plaisir infini pour les actrices et pour moi : mettre en mots sur le plateau nous a perfusées en direct avec la vie du texte, il était mis au monde, là, devant nous, immédiatement dans leurs corps et dans leur voix.


Enfin, écrire sur ce thème a été fondamental. Nous sept, dans nos corps, dans nos vies de femmes, nous avons toutes déjà expérimenté la privation de liberté - qu’elle soit provoquée par l’extérieur (le compagnon, la famille, la société) ou par notre propre esprit - et nous avons toutes expérimenté la joie furieuse de s’en affranchir par notre curiosité à ouvrir les portes des cabinets interdits, à rechercher dans la vie toujours plus, à transformer en forces positives les forces noires, à vivre en femmes sauvages et puissantes.


  • Valentine Krasnochok
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