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Les Enfants terribles

Phia Ménard ( Mise en scène ) , Philip Glass ( Livret ) , Susan Marshall ( Livret ) , Jean Cocteau ( Texte ) , Emmanuel Olivier ( Direction musicale )


: Intentions

la mise en scène, par Phia Ménard


En tout premier il faut considérer que cette œuvre musicale est une adaptation du livre de Jean Cocteau datant de 1929. Ce roman dramatique fut inspiré à l’auteur par le mode de vie de proches, que fut celle de Jeanne et Jean Bourgoint, et l’évocation d’un premier amour déçu.


L’époque n’est que peu signifiante dans ce drame tant il tient à une étape humaine qu’est l’adolescence. Bien évidemment, au regard de l’évolution de la société́, l’amour homosexuel où le trouble du genre échappe aujourd’hui aux sulfureux interdit d’alors...


Le huis clos d’adolescents est sombre et agile. Un amour homosexuel inavouable pour un bad boy (Dargelos) et sa réapparition sous les traits d’une femme (Agathe) ; le jeu qui lie une fratrie au sortir de l’enfance (Elisabeth et Paul) ; un témoin et narrateur (Gérard) ; des passions, des fantômes (la mère, Michaël), des spleens et la puissance morbide, font de cette histoire un roman magnétique.


L’argument a toutes les raisons de retenir mon attention et son adaptation par le compositeur Philip Glass me permet d’en apporter une lecture lyrique. Plus que le roman, c’est l’adaptation cinématographique de Jean Pierre Melville de 1950, dont Jean Cocteau est le narrateur, qui semble avoir constitué́ la matière du livret de Philip Glass, notamment pour les chants dont beaucoup sont repris des dialogues du film. La musique répétitive est interprétée par trois pianistes sans arrêt. L’ensemble est une série de vingt scènes où apparaissent les espaces de jeux entrecoupés de mouvements instrumentaux comme autant de possibles divagations. Le chant en français est rythmé, habile mais aussi parfois un peu âpre...


L’œuvre de Philip Glass est à considérer comme une œuvre chorégraphique puisqu’elle a été́ créée en 1996 pour des chanteurs, chanteuses, danseurs et danseuses avec la chorégraphe américaine Susan Marshall. C’est aussi ce qui certainement donna à la partition ce tempo souvent rapide.


Si aujourd’hui je porte le désir de réaliser une mise en scène de cette œuvre, c’est par l’appétit que provoque cette rencontre du texte de Jean Cocteau avec la musique de Philip Glass. Traduire dans un théâtre lyrique l’endroit d’une rencontre avec eux et l’offrir.

  • Phia Ménard, mise en scène, septembre 2021

La musique, par Emmanuel Olivier

  • « J’ai fait des rêves dans lesquels la musique avait une largeur, une longueur, une épaisseur, une couleur, comme un objet visuel. Un jour, j’ai rêvé d'une pièce et au moment où elle s'est mise à moduler, j’ai vu une porte glisser sur ses gonds ; une image parfaite de la modulation, puisqu’il s’agit de franchir une porte pour pénétrer dans un lieu nouveau. »(Philip Glass, Paroles sans musique, éditions La Rue musicale).

Ces mots de Philip Glass s'appliquent particulièrement à la musique des Enfants Terribles. On y retrouve le rêve, l’imagination visuelle, l’exploration, et la bascule dans un état d’écoute et de sensations unique, propre à sa musique.


Pour le public comme pour les interprètes, la traversée des Enfants terribles est un véritable trip dans le temps et dans l’espace, un trip fulgurant dont on ne ressort pas indemne. La discipline imposée par l’écriture musicale et le défi de son interprétation produisent un effet de transe.


Philip Glass, musicien d’opéra et de cinéma, a trouvé en Cocteau une source d’inspiration exceptionnelle : « Cocteau n’a toujours traité qu’un seul sujet, la créativité, et il l’a observée à travers différents prismes. » Ces prismes sont aussitôt transformés en idées musicales chez le compositeur. Ici, l’écriture caractéristique des trois claviers éperonne les voix qui portent le texte de Cocteau en un récitatif particulièrement incarné, et l’ouvrage nous fait plonger dans un labyrinthe obsessionnel, une montée dramatique d’autant plus inexorable que la fin est contenue dans le début. Le dénouement attendu laisse tous les participants, rechargés, hébétés et vibrants à la fréquence du son.

  • Emmanuel Olivier, direction musicale, septembre 2021
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