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Les Emigrés

+ d'infos sur le texte de Slawomir Mrozek traduit par Gabriel Meretik
mise en scène Jacques Maitre

: L'intention

La question de l’immigration est aujourd’hui vivement posée. Elle résonne encore plus fortement maintenant qu’au moment où la pièce a été écrite.


Si le spectateur de 2015 ne peut que recevoir la pièce en faisant un lien en référence directe avec l’actualité, et que cette référence donne à ce texte un éclairage plus violent qu’auparavant, les questions posées par Mrożek ne se limitent pas à une seule problématique de la condition des ces refugiés. « Les émigrés » soulève également d’autres questionnements sur leur intégration, leur adaptation et sur les rapports humains engendrés par leurs situations.


De quoi s’agit-il ?
Deux Emigrés, désignés de façon générique par AA et XX, sont contraints de cohabiter. L’un est réfugié politique, l’autre a quitté son pays pour des motifs économiques. Au-delà de l’exil qui est ici traitée par Mrożek, et qui apparaît en filigrane tout au long de la pièce, puisque AA et XX ne cesseront de faire la distinction entre ici (le lieu où ils se sont refugiés) et chez nous (leur pays), comme un miroir nous renvoyant plus clairement les problèmes d’intégration et d’adaptation, le texte de Mrozek, nous parle également, des rapports humains entre ces deux émigrés. Partant d’un rapport de classe entre XX et AA, Mrożek développe et met en lumière les rapports humains qui s’installent entre eux nous permettant par extrapolation d’ouvrir la pensée et la réflexion vers ceux qu’ils ont avec le « nouveau monde » dans lequel ils vivent.


Chez Mrożek, AA est un intellectuel de haut vol, XX un ouvrier, peu à même de manier les concepts. L’un utilise le langage comme une arme, développe ses points de vue, rêve d’un monde où l’être humain aurait retrouvé le sens de la liberté, la vraie, pas celle qui nous est proposée par des démocraties qui font de nous des consommateurs serviles, croyant être libres parce qu’ils ont accès à la propriété (à ce sujet Mrożek est très clair et sans illusion sur le monde occidental). AA est surtout un manipulateur. Il sait comment exercer un pouvoir sur cet autre, issu d’un milieu beaucoup plus modeste et surtout beaucoup moins armé sur le plan intellectuel. En ce sens, AA recrée, dans cette société réduite à deux individus, une forme d’oppression, équivalente à celle qu’il subissait chez lui.
L’autre, lui, subit. XX est victime, non seulement de AA, qui démonte peu à peu ses illusions, mais victime aussi de ses propres rêves qui le poussent à se tuer au travail et à économiser dans l’espoir d’un hypothétique retour auprès des siens.
Mais les choses ne sont pas si simples. AA a besoin de XX, (davantage que l’inverse), besoin de cette présence humaine, de cet autre, sans lequel tout dialogue, tout échange intellectuel est impossible.
Et cet attachement à l’autre, cette nécessité d’établir un lien social fait partie de leur condition à tous deux.
Ces problématiques, (celle que nous désirons traiter), soulignées dans le texte de Mrożek, nous poussent à réfléchir ; pourquoi sommes-nous incapables de réinventer nos relations aux autres ? Pourquoi reproduisons-nous inlassablement les mêmes rapports humains ? Enfin Mrożek s’interroge ; « (ces) émigrés » auront beau faire et défaire leurs bagages, ne recueilleront-ils pas toujours la lancinante déchirure de l’exil ?

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