theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Les Débutantes »

Les Débutantes

mise en scène Thomas Adam-Garnung

: Présentation

Sept sœurs, comme il existe sept nains, étripent les garçons comme le ferait un ogre. Un petit frère se perd dans la ville comme un petit Poucet. Une serveuse va à un rendez-vous comme une cendrillon… Autant de passerelles vers un imaginaire très enfantin. Autant de passages qu’il suffit de suggérer. Effleurer l’univers des contes justement pour pouvoir parler à tous. User de petits rapprochements pour pouvoir représenter la cruauté du monde. Le conte pour enfants est encore didactique même pour les adultes. Il crée la distance pour mieux voir. Une manière de s’éloigner du réel pour mieux y revenir, pour mieux l’appréhender. Sans trop s’y frotter. Eviter donc l’écueil d’un certain réalisme. Divertir. Créer un moment hors réalité, comme un voyage. Entrer dans une bulle où les valeurs sont un peu différentes. Parler de choses sérieuses sans gravité. User d’une feinte naïveté, fausse candeur ironique. Tenter l’humour.


Une histoire de filles ? Les sœurs ne sont pas folles. Elles sont tout ce que vous voulez sauf folles. Rester très loin du psychologique. Elles s’appliquent à jouer les rôles que les circonstances leur ont donnés presque arbitrairement : être l’aînée, être la cadette, être la plus belle, être bizarre… Elles ne sont pas des masques. Elles n’agissent pas sans raison. Elles répondent à des rapports de pouvoirs comme il en existe dans le monde des grands. Elles ne tuent pas par plaisir. Elles tuent parce qu’elles ne savent pas tout de l’amour. Elles tuent parce qu’elles ont été abandonnées. Comme si elles avaient vu trop de films sans vraiment les comprendre. Elles parlent beaucoup mais ne savent pas ce qu’elles disent.


Où sont les garçons ? Ils ne sont pas finis. Il y a toujours quelque chose qui manque. Ils subissent eux aussi un arbitraire. Et ils attendent, toujours en marge, une fille, leur tour, leur mort… Ils attendent. Avec une petite solidarité de garçons. Ou alors ils parcourent le monde, un peu comme Ulysse, perdus dans la ville. Ils n’ont pas le droit d’entrer, de pénétrer dans la maison, dans le café, les intérieurs. A la limite si on les y invite. Et encore…


Quel chemin ? Passer par le fantasme, l’allégorie sexuelle. Pratiquer des détours. Ne pas représenter l’action en train de se dire. Déplacer l’action. Qu’elle ne se superpose pas aux mots. Les mots ne disent pas franchement ce qui se passe. Idée que ce que dit le personnage est relatif. Une question de point de vue. C’est ainsi qu’il voit la situation, ce qui ne signifie pas que sa vision colle à la réalité de l’action, bien au contraire. Tenter d’exploiter la subjectivité. La représenter à l’œuvre. Nous voyons une action en train de se faire, nous en entendons une autre en train de se dire. Il y a « comment les choses se sont produites » et il y a « comment on les a vécues, comment on les a ressenties ». Exploiter ce décalage. Jouer au cœur de ce décalage. Et se laisser emporter par le tourbillon des mots. Ne pas chercher à faire tout entendre. Varier le rythme, la cadence de la diction, le volume de la voix afin de procéder à la déréalisation. Accentuer la distance sans la rendre infranchissable. Brouiller les pistes. Brouiller ce qu’on peut entendre non seulement par des bruits mais aussi par l’image.


Alors. Même si les personnages ont entre treize et dix-neuf ans, les représenter par des acteurs qui ont entre vingt et trente ans. Accentuer ainsi la distance, le décalage. Signaler la théâtralité et éviter le réalisme. C’est ce qui nous permettra de faire entendre une histoire qui n’est pas une anecdote, un simple fait divers, mais bien un conte, presque un mythe, qui révèle un peu du sens de notre propre vie. Tout ici est métaphorique. La ville comme une forêt. L’appartement comme un donjon. Et le café comme une auberge espagnole… Trois espaces qui structurent notre vie. Trois espaces à suggérer. Mais surtout mettre en avant les acteurs. Ils portent les mots. Et ici, ce sont les mots qui font tout. Il n’y a presque pas de non-dit. Tout est déjà là. Alors on peut aller vite. Et même se laisser porter par des musiques pop. Justement parce que c’est une pièce pour tous.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.