« Les brebis enragées » de Genet poursuivent Éric Massé. Il récidive.

– Le Mans, 1933. Christine et Léa Papin, employées de maison, assassinent leurs patronnes comme on prépare les lapins.

– Paris, 1947. Louis Jouvet met en scène Les Bonnes de Jean Genet. Scandale.

– Lyon, 2003. Éric Massé met en scène Les Bonnes. Découverte.

– Valence, 2012. « Les brebis enragées » de Genet poursuivent toujours Éric Massé. Il récidive.

Claire et Solange, après leur service, se livrent à des cérémonies secrètes, jeux de rôles paroxystiques au cours desquels, en son absence, elles déchargent leur haine et se libèrent de la tendresse servile qu'elles éprouvent envers « Madame »… Cette histoire, Éric Massé choisit de s’en emparer aujourd’hui dans la version de 1947. Elle y est écrite dans une langue en fusion où poésie lyrique et trivialité forment un alliage rare qui n’appartient qu’à Genet. Du texte à la partition, il n’y a ici qu’un pas que la parole de Madame franchira naturellement vers le chant. Dans la dérive de ces Bonnes coupées du réel, le metteur en scène du Collectif artistique de la Comédie reconnaît une pathologie caractéristique de nos sociétés où caméras et micros connectés libèrent nos puissances narcissiques. Pour donner à voir les fantasmes de notoriété de ces personnages dépourvus de mobiles politiques ou sociaux, il imagine un dispositif numérique porté par des artistes passionnés de nouvelles technologies.
Une création qui prendra corps dans l’illusion du théâtre et se poursuivra en miroir, sur les scènes intimes de la Comédie itinérante.