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Les Accapareurs

+ d'infos sur le texte de Philipp Löhle traduit par Ruth Orthmann
mise en scène Clément Carabédian

: Notes de mise en scène

Notre mise en scène s’est construite sur trois axes, trois perspectives qui nous ont permis d’appréhender la pièce dans toutes ses dimensions, trois modes théâtraux dont nous avons emprunté tour à tour les codes et les références: le tragique, l’épique et le symbolique.

Distribution


Inspirée de la tragédie antique, la distribution se construit par cercles concentriques autour du héros, organisant un jeu à degrés variables : au centre, Pépin, interprété par un unique comédien ; autour de lui trois comédiens, la femme et les amis de Pépin, mais aussi tour à tour trois personnages périphériques, messagers de l’extérieur ; enfin six jeunes comédiens, interprètes des parties narratives, équivalents contemporains d’un choeur antique. Le nombre important des acteurs au plateau permet de mettre en évidence le conflit entre l’individu et la communauté.


Choeur


Sous l’apparence de lycéens en uniformes, ces six comédiens, filles et garçons mêlés, sont les narrateurs et véritables maîtres du récit : ils s’adressent au public, commentent l’action, agissent sur les personnages, déplacent les éléments du décor… Malicieux, moqueurs, en lien avec les éléments naturels, ils semblent une cohorte d’esprits nocturnes peuplant le jardin, à mi-chemin entre les adolescents de Funny Games et les satyres de l’Antiquité. Face aux tourments du héros, ils offrent le contre-point de la Nature, un grand rire universel.


Musique


Leurs interventions sont accompagnées par une interprète de flûte traversière. En dialogue avec les choristes, mêlée à leur jeu, elle improvise les mélodies qui offrent au récit ses couleurs musicales. On y reconnaît l’influence symboliste de Debussy 2 - contemplation lascive des éléments naturels, divagations intérieures du personnage principal... - mais aussi les échos contemporains d’un free jazz dissonant qui donne à l’histoire son rythme.


Montage


Philipp Löhle emprunte au cinéma sa grammaire narrative : scènes courtes, flashbacks, ellipses, enchaînements cut, scènes parallèles, porosité du réel et du rêvé… Pour le public, la réception du sens de la pièce (et son humour) dépend autant de l’enchaînement des scènes que de leur développement. Renouant avec les principes d’un théâtre épique, ludique et inventif, notre mise en scène s’efforce de restituer en espace la fluidité de la partition écrite.


Débat public


Une maison écologique est-elle nécessaire ? Est-elle esthétique ? Pratique ? Economique ?... En s’adressant directement au public, en partageant leurs interrogations, les protagonistes transforment leur expérience privée en un débat de société et invitent les spectateurs à y prendre part. De la maison, la réflexion se déplace bientôt sur l’être de Pépin lui-même : au fond, qui est-il ? Un fou dangereux ? Un alcoolique dépressif ? Un génie visionnaire ?... A chacun de se faire sa propre idée.


Ecriture


Phrases courtes marquées d’un point. L’écriture de Löhle se déploie par petits segments juxtaposés et contradictoires. Elle traduit le rythme de ceux qui parlent plus vite qu’ils ne pensent. Les idées circulent néanmoins d’un personnage à l’autre, dans un jeu de ping-pong compulsif, tissant, sous l’apparent chaos du dialogue, un réseau de sens très structuré. A côté de cette prose saccadée, les intermèdes narratifs, en vers libres, offrent au récit sa respiration, et l’attention portée aux éléments naturels - l’eau, les nuages, le jardin… - distille dans le prosaïque des dialogues, une poésie secrète et profonde. Notre travail consiste à faire entendre cette écriture dans toute sa diversité.


Espace


La scène presque à nu laisse à l’espace sa valeur de métaphore. Les rares objets présents répondent à une double utilité concrète et poétique - les bouteilles de bière vertes abandonnées au plateau deviennent un champ de concombres, les parois mobiles de la maison la voile d’un hypothétique bateau, les caillebotis de bois tour à tour accessoires de jardin ou éléments de radeau... Projetée sur les toiles translucides en périphérie de la scène, la vidéo permet une représentation graphique et mobile de la maison, entre théâtre d’ombres et divagation numérique.

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