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Les 3 Parques m'attendent dans le parking

+ d'infos sur le texte de Jacques Rebotier
mise en scène Jacques Rebotier

: Quatre questions à Jacques Rebotier

Propos recueillis par le Théâtre Vidy-Lausanne, mai 2009

Les 3 Parques m’attendent dans le parking, après Les Ouvertures sont , est le deuxième spectacle de la trilogie R.E.S. , entièrement dédié au fil de la pensée. En quoi consiste ce projet ?


Événement, Rêve, Souvenir ; ou encore présent, passé, avenir : la réalité, c’est-à-dire notre pensée est faite de ces strates indémêlables, qui sont les trois visages de Janus. R.E.S. jette sur le plateau ce flux incessé de la pensée intérieure et des sensations vécues, ce « bruissement de la langue » dont parlait Barthes. Les outils de cette restitution sont autant musicaux que « chorégraphiques », tant cet oratorio du quotidien, avec ses tutti, ses solos, ses reprises de thème est d’abord une danse de mots. Interprétée par des comédiens-musiciens virtuoses, rompus à mes partitions de paroles.
Entendre ce que nous disent les mots : en fait, je tourne autour de ce travail depuis longtemps, le début sans doute. Je cherchais quelque chose comme ça en 1992 avec la lecture du Cours de la langue à la Revue parlée du Centre Pompidou, ou avec cette Nuit de parole improvisée qui suivait à Avignon.
Depuis les choeurs de Réponse à la question précédente, je cherche à articuler ces deux versants de la réalité : la parole intérieure personnelle – ici pensée à voix haute, hors adresse –, et la parole extérieure, ce que l’on capte en permanence, comme par un micro omni, la rumeur de la langue du monde, nos perceptions. Et surtout cette idée de cours ininterrompu : le cours de la langue, ou plutôt la course de la langue, c'est ce texte qui n'a jamais commencé et qui ne finira jamais, l'impossible monologue-dialogue-trilogue-infinilogue intérieur, notre éternel monologue polyphonique, le bruit de fond de notre langue de fond, que nous finissons par ne plus entendre par ce que nous l’entendons tellement qu'il ne nous dit plus rien. En ce sens R.E.S. est une suite de Les Ouvertures sont, mais traitée en pleine lumière, sa face diurne, en langue joyeuse et vive.
Enfin… j’espère.
Troisième spectacle : à venir !


Vous êtes écrivain, metteur en scène et compositeur. Comment conjuguez-vous vos divers modes d’expression ?


Eh bien, c’est assez simple : j’ai arrêté de me battre avec mon cerveau. Autrefois je m’empêchais d’écrire des textes quand j’écrivais de la musique, et vice versa. Maintenant j’accepte. En plus, l’un me repose de l’autre, et re-vice versa ! Recta. Et comme tout cela se retrouve sur une scène, voilà le troisième pied du trépied. Texte, musique, plateau.
Ce soir, j’écoute les trois furies jeter des lambeaux de parole de sorts, je regarde les trois fées faire leurs voeux musicaux.


Comment écrivez-vous vos spectacles ?


Sons, mots, pensées... je note, et je fais des pelotes. Après, je couds. Texte, textile, tissu. Rapsodie, de raptein, coudre ensemble.


Vous travaillez dans le désordre ?


Avec le désordre. Le désordre dans nos pensées, en miroir du chaos de nos sociétés, ce réel, c’est la matière même du spectacle. En cela j’ai le sentiment de produire un théâtre « réaliste », beaucoup plus qu’en passant par ce qui me parait parfois l’artifice d’une narration, avec ses personnages, son intrigue.
Fantaisie, désordre, liberté totale, c’est accepté sans problème en danse contemporaine, cirque, arts plastiques, beaucoup moins dans le milieu du théâtre, je me demande bien pourquoi ! A cause de la tradition, sans doute...

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