Les 3 Parques ne veulent plus filer doux, les 3 Parques filent le parfait désamour et se chamaillent sur nos dos, les 3 Parques enfilent des perles verbales, et aussi la métaphore, les 3 Parques font rien qu’à nous jeter des sorts, voeux foireux et autres épluchures de pommes, les 3 Parques font collection de phrases de Guaino, Guéant et Lady Gaga, les 3 Parques nous notent AA– , c’est bien le moins, les 3 Parques tirent sur un fil qui dépasse du cerveau et voilà le fil de la pensée, les 3 Parques ont piqué la toison de Jason et les pomodoros du jardin désespéré, et après voilà que les 3 Parques veulent filer à la grecque, finlandaise, anglaise !? help !!!

La triade féminine, sous la figure des trois Moïres grecques, passées à Rome en Parques, ou Fata (fatum, destin), mot transformé par le francien en « fées » de nos contes, ont parcouru le monde méditerranéen. L’une tient la toison et forme le fil, la seconde l’enroule sur le fuseau, la dernière le rompt. Elles tissent le texte de ce spectacle.

Naissance, vie et mort ; temps ; destin. Les 3 Parques filent leurs propres vies, et les nôtres, et les cassent. Elles porteront ici des masques d’elles-mêmes; parfois aussi de lion, de loup et de chien, selon une très ancienne statue égyptienne du dieu Sérapis, qu’interpréta ainsi Macrobe : « la tête de lion désigne le présent, vigoureux et ardent; le passé est la tête de loup, qui rapte le souvenir des actes accomplis et les emporte au loin; le chien toujours nous flatte, il nous promet un temps futur, dont l'espoir, même incertain, nous sourit.

Jacques Rebotier

novembre 2011