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Léonie et Noélie

+ d'infos sur le texte de Nathalie Papin
mise en scène Karelle Prugnaud

: Présentation

Léonie et Noélie ont seize ans. Elles sont jumelles monozygotes. Des toits d’une ville, elles contemplent un incendie qu’elles ont provoqué et jaugent leurs défis presque atteints. Pour l’une, le contrôle parfait des mots. Pour l'autre, la stégophilie, le vide et l’action. Elles sont dans une performance limite où elles dépassent les humiliations de leur enfance.


Léonie et Noélie, texte de Nathalie Papin est une méditation sur l'autre, son miroir, son tout mais aussi son rien, sa solitude et sa soif de distinction. En proposant à Karelle Prugnaud de se saisir de ce texte sur les pouvoirs et les ambiguïtés de la gémellité, l’auteur a senti un double possible chez la jeune performeuse habituée à l’instantanéité. L’absolu de l’enfance, le vertige de la piste, l’animalité des pulsions sont ici au service d’un public en devenir.


« Cela nous raconte aussi le désir qu'un enfant a de s'extraire de son milieu lorsque ses rêves ne peuvent s'y déployer correctement. »
Nathalie Papin




La rencontre de Karelle Prugnaud avec « Léonie et Noélie » :


J’ai reçu « Léonie et Noélie » par la poste.
Un léger paquet déposé dans ma boîte. Je l’ai ouvert : il y avait une lettre et le livre.
Je relis la dédicace encore et encore comme un rêve qui ne doit pas s'éteindre, comme un rêve que l'on désirerait toucher du bout des doigts :



Pour Karelle,
Pour qu'un jour, on rêve d'avoir une jumelle pour aller voir ce qui se passe de l'autre coté.
Avec complicité
Nathalie.



J'ai décidé d'aller voir de l'autre côté.
Main dans la main avec celle qui deviendra ma jumelle, l'auteure de cette fabuleuse et touchante histoire.
Moi aussi toute petite, comme les deux personnages Noélie et Léonie, je rêvais d'avoir une soeur jumelle, une confidente avec laquelle on peut tout partager, tout faire, une poupée grandeur nature créée à sa propre image à qui on peut tout dire. Plus de secret, même plus besoin de parler, juste se regarder, incarner une bonne fois pour toute ce pacte magique tracé à la craie et recouvert de salive au fond de la cour de récréation avec celui ou celle que vous rêviez comme votre meilleur ami "pour la vie, croix de bois croix de fer si je mens je vais en enfer "...
Je crois que nous sommes tous en enfer, car ces petits rituels d'amitié duraient à peine plus d'une semaine ...
Être si semblable que la confusion s'infiltre jusque que dans le choix des prénoms "Léonie et Noélie", je me trompe encore en les prononçant !!!!
J'aime beaucoup la préface qui ouvre le roman "les Météores " de Tournier, elle symbolise bien cette fusion ultime que peuvent vivre les jumeaux: «Il était une fois deux frères jumeaux, Jean et Paul. Ils étaient si semblables et si unis qu’on l’appelait Jean-Paul ».
Ce prénom composé qui peut désigner une seule personne souligne que chacun des deux jumeaux est perçu comme la moitié d’un unique individu.
Depuis les civilisations antiques un culte est voué aux jumeaux, les Dioscures, Castor et Pollux, Romulus et Remus, les Açvins, les Tweedle Dee et Tweedle Dum dans Alice au pays de merveilles, les Dupont-Dupond...
Cette singularité qui relève de l'extra Humain, du magique, du désir immortel de l'âme.


Ces deux jeunes soeurs, Léonie et Noélie viennent d'un milieu populaire, une famille avec si peu d'argent qu'elles n'ont qu'un cartable pour deux, une paire de chaussures pour deux, devant alterner les jours d'école, chacune son tour, quand l'une va en classe l'autre reste dans sa chambre, si peu d'argent qu'elles se retrouvent dans un supermarché prises en flagrant délit de voler d'un dictionnaire ! Voler un dictionnaire à dix ans ! C'est d'une poésie et d'une force incroyable. Moi à dix ans j'aurais choisi les paquets de bonbons ou le rayon des jouets !! Ces deux petites filles ont déjà la conscience, le pressentiment de l'après-enfance, le sempiternel " quand je serai grand "n'est pas une abstraction, mais une épée de Damocles, il n'y a déjà plus de temps, apprendre tous les mots du dictionnaire pour grandir, avoir accès à la "culture " pour avoir accès au bonheur dans le monde des grands !


Devenir adulte, cette énigme de l'enfant qui se rêve et se projette, ce grand saut dans le vide, Noélie, à seize ans s'y prépare en s'entraînant à sauter sur les toits, sauter par-dessus le vide, jouer avec le risque de la Grande et dernière chute ! Voguer sur les toits, cet espace interdit qui frôle le ciel, où dansent les oiseaux, la liberté ultime dont on ne pourra jamais saisir les contours ... Être grand c'est être libre ou rien !!


Libre de penser, ce à quoi s'entraîne Léonie en apprenant le dictionnaire par cœur, et libre d'agir en volant sur les toits comme le fait Noélie.




Rencontre de Nathalie Papin et Karelle Prugnaud :


Cette fois-ci, pour Noélie et Léonie, c’est moi qui trouve, me suis-je dit !
Et vite. Je ne veux pas attendre. Comme Léonie et Noélie, je suis pressée.
Il y a comme une urgence. Et pourtant, je prends le temps.
Je cherche un-e metteur-e en scène, je cherche le coup de foudre pour ce texte.
Je vais au théâtre, je visionne des sites, je fouine, je demande, je parle, j’écoute…
Et Rien ou plutôt, si, beaucoup de pistes.
Puis, un jour, à Dieppe, d’un coup de voiture, nous filons, avec une amie, à la Scène Nationale de Dieppe. Pas peur de faire cent kilomètres pour aller voir un spectacle.
C’est pour un texte d’Eugène Duriff, Ceci n’est pas un nez.
Il est mis en scène par Karelle Prugnaud.
Et là, pas de doute ! C’est elle ! Oui, c’est elle.
Une manière de prendre le texte à bras le corps, comme une percussion permanente de la parole, d’engager les comédiens dans un jeu/performance, puis tout à coup, de subjuguer le spectateur avec une image qui tombe du ciel à vous couper le souffle.
De la noirceur, elle en fait une fête, de la poésie elle l’induit dans la performance, de l’urgence elle la dilue dans la poésie.
Et le mardi 28 février, j’envoie une lettre.


Mais elle, le veut-elle ?


Oui. Oui.
Elle répond comme une jumelle. Elle en rajoute. Elle double la gémellité.
Aux jumelles, elle donnera des doubles masculins.
À leur passion, la stégophilie, elle leur donnera un freeruner.
À mon abstraction du double, elle donnera une image. Comme un arrêt sur image qui fait dire : c’est ça. C’est ça, mais je ne le savais pas il y a deux secondes.


Il y a un mystère, une monstruosité et une fascination que la gémellité provoque envers les autres.
Je suis certaine que Karelle va nous emmener aussi loin que possible au bord de cet abîme, à la limite du vertige.
Et à la fin nous désirerons être jumeaux ou jumelles !


René Zazzo psychologue qui a inspiré Les Météores de Tournier dit :
Les jumeaux sont des couples excessifs et non d’exceptions.
Je le crois. Nous avons tous, un jour, vécu, dans une relation, la fusion sublime du bain gémellaire et à un autre moment, désiré nous en défaire ou au contraire retenu l’autre dans cette perfection.
Cette tension d’aller retour est faite pour le théâtre de Karelle.

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