: Notes de mise en scène
Pourquoi monter un jeune public aujourd’hui ?
Je suis novice en la matière, et le fait d’être le papa d’un petit garçon de quatre ans avec
qui je vais souvent au spectacle n’est pas étranger au choix de la pièce. Lorsque j’ai lu
Léon le Nul pour la première fois, j’ai été conquis par la teneur du propos : une pièce
s’adressant aux enfants et abordant les thèmes de la différence, la difficulté d’exister, le
rapport à l’autre, et cela avec une écriture, un auteur. Sans démagogie aucune, je pense
qu’il est important de former le public de demain, et trouve vivifiant de voir que se met
en place un vrai théâtre jeune public, avec de plus en plus d’auteurs et de metteurs en
scène venant se confronter à l’expérience. De même, je pense qu’il est intéressant de
venir me ressourcer auprès de cet univers, histoire de garder un peu la flamme qui a fait
qu’un jour, à huit ans, j’ai décidé de monter sur scène, juste après avoir vu un spectacle.
Pourquoi cette histoire ?
Léon est un petit garçon qui rêve de devenir un train. Un petit garçon qui rêve de devenir
un homme. Léon c’est une fable sociale. Un texte d’une poésie étonnante et noire, une
vraie écriture, intelligente, fulgurante même parfois. Léon et sa famille vivent sans figure
paternelle, ce qui doit causer pas mal de soucis à la maman, un peu débordée,
gravement décalée, un peu folle même parfois… Ethienne, le grand frère a trouvé la
parade pour s’en sortir : il a monté un trafic de chocolat et ne se déplace qu’en
montgolfière et en limousine, la classe quoi… Comme dans toute bonne histoire, il y a
les méchants, la bande de jeunes qui terrorise Léon, et deviennent ses pires cauchemars
et… l’amour, ou plutôt ses prémices, avec la belle Linda qui pétrifie Léon dès qu’elle
s’approche à moins d’un mètre. Bref, pour résumer tout ça, Léon le Nul c’est une histoire
haute en couleurs, pour toutes et tous, à déguster en famille.
Comment monter Léon le Nul ?
Dès la lecture du texte, il m’est apparu important de construire une atmosphère
fantastique entièrement dédiée à ce petit bonhomme qui mange des clous et des
boulons en espérant, un jour, devenir un train. Et comme j’avais envie de collaborer
depuis longtemps sur une création avec François Saint Rémy, graphiste officiel de la
compagnie et illustrateur à ses heures perdues, l’occasion était toute trouvée... On allait
dessiner Léon et toute sa bande… Et, au fil de nos discussions, l’idée de l’animation, du
dessin animé en interaction avec les comédiens, nous est apparue comme un
prolongement de l’imaginaire de Léon, comme des réminiscences enfantines de Mary Poppins…Tout ce qu’il a dans la tête, qu’il ne peut pas vivre, il va le faire vivre devant ses
yeux, devant nos yeux de spectateurs.
Christophe Demarthe, mon fidèle compositeur depuis quelques années ( 501 Blues, Ne pas, Fuites…), a été chargé de creuser le champ du texte en concevant une bande son
mixée en directe, qui accompagnera l’action et les dessins, plongeant les spectateurs au
plus près de l’intrigue. Nous avons donc essayé, avec Xavier Boyaud, au niveau du décor
et de la mise en lumières, de mettre en relief le voyage initiatique du personnage, allant
d’un point à un autre du plateau ; mais en laissant au spectateur le soin d’imaginer les
détails, les contours du cadre de vie de Léon, le plus important étant justement de
laisser une place, primordiale celle-là, à l’imaginaire de l’enfant.
Bruno Lajara
01 juillet 2005
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