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: Entretien avec Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier

Propos recueillis par Isabelle Daccord et Sara Nyikus, janvier 2009

L’oeuvre de Queneau est foisonnante. Quels textes avez-vous choisis ?


Les Exercices de Style seront la colonne vertébrale du spectacle. Nous avons choisi une trentaine de textes parmi les 99 proposés par Queneau. Ces textes décrivent une scène de vie racontée chaque fois de manière différente (avec des syncopes, beaucoup de précisions, des négations, des exclamations, différentes formes de langages, etc.). Nous avons ajouté trois ou quatre moments OULIPO[1]. Ces moments seront différents, ils créeront une sorte de « récréation » entre les Exercices de Style. Ils permettront également une interactivité avec le public.


Des moments OULIPO ?


Les quatre comédiens deviennent des Oulipiens, ils se lancent dans des recherches sur les textes, les poèmes, les chansons de Queneau. Nous pourrons ainsi montrer l’immensité du travail de cet artiste multidisciplinaire. Nous aimons faire découvrir et transmettre un univers.


Comment le public intervient-il ?


Queneau est l’inventeur des histoires dont on peut choisir le déroulement. De la même façon, les spectateurs auront une influence sur ces moments OULIPO. Ils pourront voter et par leur choix demander aux comédiens de partir dans l’espace du « ou bien, ou bien » (boîte OU), de se lancer dans la littérature (boîte LI), de dire des poèmes (boîte PO).


Pourquoi avoir choisi Raymond Queneau ?


Geneviève Pasquier : Quoi de mieux qu’un auteur aussi ludique, virtuose, pour créer un événement festif. Ensuite, Queneau m’intéresse parce qu’il déconstruit tout, puis établit d’autres règles, des règles personnelles, mais très précises. Au théâtre, aussi, tout a été déconstruit, refait, réinventé et pour finir, une des règles qui reste, c’est le diktat de la mode… Queneau se fichait de la mode. Comme lui notre compagnie ne joue pas le jeu des modes, nous restons fidèles à notre propre fantaisie, à notre recherche.


Nicolas Rossier : Queneau est un sérieux déconneur et un déconneur sérieux. Il est très structuré dans sa déconstruction ce qui permet un vaste champ de création.


En plus, vous le dites, son univers est ludique.


Geneviève : Oui et il s’adresse à tous. Queneau était un amoureux de la langue, il a fait parler toutes sortes de gens, de l’érudit à Monsieur et Madame Tout le Monde.


Nicolas : Son roman Zazie dans le métro, par exemple, est un travail très pointu qui a remporté un énorme succès populaire.


Comment joueront les quatre comédiens ?


Il y aura de la chanson, du théâtre d’ombres, de la danse, plusieurs styles d’interprétation. Nous mélangeons ces genres pour montrer toutes les palettes artistiques de Queneau et aussi donner du rythme au spectacle.


Comment collaborez-vous ensemble ?


Geneviève : Nicolas et moi travaillons ensemble pour la question du choix des textes, de la dramaturgie, du choix des acteurs et des collaborateurs (scénographe, musicien, costumière...). Ensuite nous nous répartissons les rôles différemment selon les projets, soit l’un fait la mise en scène et l’autre joue, soit nous mettons en scène en duo et aucun de nous ne joue, soit nous jouons tous les deux (mais assez rarement car il est important d’avoir un regard extérieur). Il faut dire que nous sommes acteurs à la base, et je crois que si nous imaginons et construisons des spectacles, c’est aussi pour le plaisir de pouvoir les jouer! Le plus important est de pouvoir changer de casquette et de rester inventifs.
Pour LéKombinaqueneau, j’ai pris spontanément la fonction de metteur en scène car je me sens à l’aise dans ce foisonnement de textes et j’aime beaucoup les matières mouvantes. Nicolas me donne son point de vue et il est important pour moi de pouvoir compter sur son regard, bien qu’il soit sur le plateau. (Mais à partir du moment où les répétitions commencent, je le laisse se concentrer sur son travail d’acteur!)

Notes

[1] L’Oulipo (acronyme d’ « ouvroir de littérature potentielle ») est un groupe international de littéraires se définissant comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ». Cette association, fondée en 1960 par l’écrivain et poète Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais, se réunit encore régulièrement pour réfléchir autour de la notion de « contrainte » et produire de nouvelles structures destinées à encourager la création.

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