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Le Petit Poucet

mise en scène Simon Falguières

: Note d'intention

_Le Petit Poucet_ fait partie des grands contes qui marquent notre enfance, d’abord par sa violence, par la peur attractive qui s’en dégage, puis par l’identification au petit héros malingre, que nous avons tous ressentie.


Je veux mettre les parents au centre de la mise en scène. Ce conte commence par l’histoire d’une misère. Un père et une mère font le choix d’abandonner ceux qu’ils aiment le plus au monde sachant qu’ils ne pourront plus les nourrir. C’est une histoire d’amour et non de trahison.


Au début du spectacle, nous assistons donc à des mots d’amour entre les deux parents autour d’une table de bois. Puis, vient la naissance de la progéniture. Toute une fratrie de jumeaux apparaît. Six silhouettes de torchon, fines et bien dessinées. Ils sont tous plus beaux les uns que les autres. On se congratule. Arrive alors un petit dernier. Une poupée de chiffon terne. Il est muet, l’air même un peu idiot. Et l’amour se mue en déception, en aigreur, en moquerie.


Je veux parler avant tout de la beauté humble du différent. La pureté du différent qui paraît bien pâle face aux apparats des autres, mais qui sera leur salut à tous. Il me semble assez évident que le conte du Petit Poucet soit régulièrement monté ces dernières années. C’est qu’il enferme en lui-même dans des recoins qui nous dépassent, une histoire qui résonne avec notre monde. La pauvreté, l’abandon, le délaissement dans une forêt rêvée, la dévoration des ogres riches et puissants. Tout cela, sans qu’on ne le surligne apparaît à nous comme par magie.


Depuis longtemps, je travaille l’écriture dramatique avec la ferme volonté de raconter des histoires. Pour la première fois, je me penche sur l’écriture jeune public. Il s’agit pour moi d’une découverte et d’une recherche complexe et passionnante. L’essentiel est de ne pas perdre l’envie de faire œuvre – De changer les archétypes du conte en des personnages de théâtre – D’humaniser – De faire confiance au mythe, de ne pas vouloir trop l’expliquer ni à soi-même ni aux autres – De ne jamais se complaire dans la mignonnerie – De fouiller le Pourquoi intime et le Pourquoi universel de cette histoire.


Pour _Le Petit Poucet_, j’ai fait le choix de rester proche de la fable de départ et de venir composer avec les innombrables strates de compréhension des contes pour enfin m’en libérer. En tant qu’auteur, sans le savoir, je raconte toujours la même chose. Avec le Petit Poucet je partais donc du conte originel pour creuser à nouveau l’histoire d’un abandon d’une déchirure grâce à laquelle le petit poucet se sauvera au contact du monde merveilleux. Mon adaptation est aussi et surtout une fable sur le langage. Un langage déconstruit. Un langage très loin d’une quotidienneté. Une musique des mots que l’on mange ensemble, acteurs et spectateurs.


Mes plus grands souvenirs de théâtre, quand j’étais enfant, étaient des spectacles d’une grande beauté visuelle. On entendait un texte auquel on ne comprenait pas tout, mais toujours, on était raccrochés à l’histoire par le rire, par l’image, par la distance même du théâtre ou de la marionnette.

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