Isolé, le dictateur est près de sa fin mais ne peut le concevoir. Il s’accroche en maniant habilement la démagogie et le fielleux avec une civilité pleine de courtoisie. Mais, la nuit, les spectres des victimes de ses crimes viennent le hanter. Les fantômes, fascinantes et parfois inquiétantes marionnettes, révèlent la réalité cruelle de son passé.

D’impérial et venimeux, le tyran devient grotesque, clownesque, avant de s’écrouler. N’est-il finalement lui aussi qu’un pantin, une baudruche vide qui ne vit que du silence qui l’entoure ? Musical et poétique, le spectacle prend des airs fantastiques lorsque les objets acquièrent une autonomie farcesque, comme dans un dessin animé.

Alexandre Haslé, formé par Niels Arestrup et par la grande marionnettiste allemande Ilka Schönbein, invente un théâtre singulier et bouleversant, peuplé de créatures auxquelles il prête vie. Il a déjà mis en scène plusieurs spectacles dont La Pluie de Daniel Keene.