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Le Coeur de l'hippocampe

+ d'infos sur le texte de Ronan Mancec
mise en scène Laure Fonvieille

: Mot de l’auteur

En mars 2017, je me suis retrouvé pour la première fois de ma vie face au neurologue qui avait suivi la longue maladie de mon père, mort en 2013. J’avais mon micro à la main. Je lui ai dit Je veux enquêter sur la longue maladie, celle qui fait perdre les mots, la mémoire et la tête. Je lui ai dit Je suis écrivain. Et le neurologue m’a dit "votre père est mort d’une démence sémantique." Je n’avais jamais entendu ces mots. Ou je ne me souvenais pas d’eux. Être écrivain. Être mort d’une dégénérescence sémantique.


Le docteur a dû voir que j’étais ému, il m’a dit très gentiment qu’il allait m’aider.


La préparation du spectacle Le cœur de l’hippocampe, et peut-être une partie de sa forme scénique, sera une enquête. L’ouverture de cette enquête, c’est la chance de pouvoir enfin mettre des mots là où jamais il n’y en a eu, dans ma famille, dans ma vie.


Un bon nombre de mes textes évoque en creux mon histoire personnelle, la mort de mon père. A tout le moins mes personnages se meuvent tous dans les conséquences, le contrecoup, de drames intimes. On dit parfois qu’un auteur écrit sans cesse la même histoire, renouvelée, invisible.


Avec Le cœur de l’hippocampe, le sujet dépassera largement mon histoire. Il sera nourri au plateau des histoires singulières des membres de l’équipe, et de celles et ceux dont nous ferons la connaissance en parallèle, les rencontres en ateliers, en médiation.


Ce sera aussi une enquête scientifique. Une tentative de comprendre et de retransmettre au théâtre les mécanismes du cerveau, d’une manière ludique. Étant convié par Laure Fonvieille à monter sur scène, ce sera l’occasion de jouer avec les codes de la représentation : qui raconte, est-ce vrai ou pas, comment s’adresser au public dans une relation directe et sincère, comment codifier un jeu de bonimenteur… La mémoire n’est pas un objet fiable. Les souvenirs et la fiction se fabriquent dans la même zone du cerveau.


Ce sera enfin, dans le prolongement d’Azote et fertilisants, un questionnement sur ce qu’il reste de nous quand nous ne sommes plus là. Est-il vrai qu’une personne reste encore un peu vivante tant que son souvenir continue de loger dans la mémoire de quelques uns ?

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