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Le Vertige des animaux avant l'abattage

mise en scène Caterina Gozzi

: "Le théâtre est monstrueux"

Le théâtre est monstrueux. Ecrire du théâtre est un accouchement de monstres car celui qui accouche est lui-même un monstre. Comme le suggère la racine latine du mot, « monstre » est celui qui montre : découvre, démontre, dénude, expose, indique, illumine, fait apparaître et connaître, signale, démasque, passe du paraître à l’être et rend être le paraître. En tant que monstre il crée des êtres humains advenir lui-même à l’humain – sans jamais y parvenir. Le monstrueux et le non-humain, conjugués et inséparables, confondus en la même non-personne, sont interminables, inépuisables, insatiables, leur vampirisme est abyssal, leur soif de la nature humaine n’a pas de bornes ; le monstrueux et le non-humain qui composent la nature de l’auteur dramatique ont une faim et une soif de l’humain pareilles à celles des morts dont Ulysse fait monter jusqu’à lui les ombres pour offrir un sacrifice, ils ne se rassasient forcément que par petites étapes, par courtes bouffées, alors qu’ils aimeraient tant assouvir une fois pour toutes leur soif de sang humain. Cette nature non-humaine ne gagne la partie humaine que momentanément, le temps d’un éclair du cerveau, chaque fois qu’un ensemble d’êtres humains nouveaux sortent tout formés de sa tête, comme Athéna de la tête de Zeus.


Dimítris Dimitriádis (Extrait de Le Théâtre en écrit, Besançon, les Solitaires Intempestifs, 2009, pp. 22-24)

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