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Le Théâtre ambulant Chopalovitch

mise en scène Richard Brunel

: La Pièce

Oujitsé.


Nous sommes en 1941, ce sont les premiers mois d‘occupation allemande en Serbie. L’espace est confisqué, la parole traquée.


« Tous les jours, des arrestations, des rafles, des exécutions. Nous pataugeons dans le sang comme dans de l’eau de pluie »


L’état de siège nie l’individu par la terreur. L’honneur et la dignité sont bafoués. Les habitants d’Oujitsé ne se rencontrent plus, ils se heurtent.
Certains tentent de continuer leur vie malgré l’oppression quotidienne : Gina lave des draps tachés de sang, la tête plongée dans sa bassine, pendant que Dara, résistante, fabrique des bombes.
C’est dans ce contexte que le théâtre ambulant Chopalovitch, troupe itinérante, s’installe à Oujitsé pour jouer Les Brigands de Schiller.


Mais sur cette terre divisée, saignée, quelle place pour les tréteaux ?


Pour les habitants confrontés aux horreurs de la guerre, pour les occupants allemands comme pour les résistants, l’heure n’est pas à la représentation. Disputes, crimes, haine, torture enferment chaque personnage sur lui-même. La représentation demande aux spectateurs d’admettre la confrontation de deux communautés, celle du public et celle de la scène.
Mais chacun, pour sa survie, est collé à sa réalité immédiate, et s’arrêter pour regarder est impossible. La réalité pour les habitants d’Oujitsé est trop oppressante pour faire face à sa transposition, sa transformation, pour qu’ils en soient les simples spectateurs.


Comment, dans cette tension, l’acte théâtral prend-il sa place et atteint-il son destinataire ?


Pour le poète Serbe Lioubomir Simovitch, la poésie est la chose « la plus importante du monde ». « Avec mon épée en bois, aux enfants désolés aux mères éplorées, j’apporterai la liberté ».
La poésie sauve. La poésie permet à l’homme de se réaliser, elle le rend héroïque, martyr même, voire éternel.


Jouer ce drame, dit Simovitch, signifie monter sur une chaise et de là jeter un regard sur le déluge et sur le monde. Alors, est-ce la folie, ou le désespoir ou l’humour ou la foi qui fait que devant le déluge nous montons sur des chaises et qu’à travers les flammes nous brandissons une épée en bois ?


Poétique, idéaliste, ce texte est un hommage au théâtre et à ses pouvoirs sur l’imagination des êtres.
Entre comédie et tragédie, la pièce interroge la frontière dans un territoire occupé, où l’espace est le conflit. Entre réalité et théâtralité entre théâtre de l’occupé et théâtre de l’oppresseur, cette frontière sous nos yeux s’efface, se déplace, se cache et se joue de nous.


Richard Brunel et Caroline Guiéla
Octobre 2007

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