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Le Royaume des animaux


: Note d'intention

par Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo

Le Royaume des animaux versus Le Jardin des choses


Depuis tout petits nous sommes fascinés par le monde des animaux, la plus vieille des fables. À partir des écrits du zoologue et écrivain allemand Alfred Brehm (1787-1864) qui porte un regard scientifique sur la vie des animaux, Roland Schimmelpfennig produit une fiction sur la vie et l’organisation d’un milieu, d’un groupe.
Il raconte l’histoire d’une troupe de théâtre travaillant ensemble depuis six ans et jouant la comédie musicale Le Royaume des animaux, écho détourné du succès commercial Le Roi Lion : une fable mettant en scène les rapports de pouvoir entre les animaux du Royaume, les enjeux de liberté et le danger de la tyrannie. Seulement, chez Schimmelpfennig, la parabole politique reste ouverte, elle déjoue ce que l’on croit reconnaître, elle devient inquiétante.
À la lecture de cette pièce, on peut penser au très beau film de Charlie Chaplin Les Feux de la rampe car c’est la fin d’un monde et l’arrivée d’une ère nouvelle, d’un nouveau spectacle qui resserre la métaphore de la dégradation jusqu’à l’hermétisme : il n’y a plus que des choses, des faits et des rapports marchands, et non plus un spectacle d’êtres et de relations, avec leur part d’ombre et de mystères. La comédie musicale a été rachetée, les acteurs ne sont au courant de rien, juste du titre : Le Jardin des choses. Il n’y a plus de complexité, plus de scénario et les acteurs eux-mêmes deviennent des choses puisqu’ils ne savent pas ce qu’il va leur arriver. Ils ne sont plus acteurs, mais objets.


Cela faisait plusieurs années que nous avions envie de poursuivre la collaboration avec Roland Schimmelpfenning - après la création de Push up à Paris en 2010 - auteur méconnu en France.
Le Royaume des animaux, le deuxième volet d’une ambitieuse trilogie sur notre époque, est une œuvre à part entière, qui réunit plusieurs niveaux et formes de narration très proches de notre façon de faire du théâtre.
Avec la Cie Les Lucioles, nous avons traversé ensemble plus de vingt ans de vie et les coulisses sont un endroit que nous connaissons bien : endroit de l’intime, de « l’entre-deux mondes », de la « frontière ». Lieu que de nombreux photographes ont aimé photographier, car c’est aussi le lieu de la métamorphose.
Nous travaillerons sur ces corps entre deux, pas tout à fait homme ou femme , en train de se costumer, ou avec un reste de costume, en train de se maquiller, nous travaillerons à ces images hybrides, à ces corps transformés.
Et aussi sur une question fondamentale : que feront les acteurs s’ils n’ont plus de part d’ombre, s’il n’y a plus de lumière ? Métaphores vivantes de la marchandisation de l’humain. Il y a une part poétique dans le texte Le Royaume des animaux, une écriture épurée, percutante. Ce tempérament se poursuit très fortement dans le troisième texte de la trilogie, Fin et commencement, sous-titré justement par l’auteur « poème dramatique ». Nous en emprunterons des fragments, qui se dissémineront tout au long de notre spectacle pour garder le poème inachevé et une place à l’espoir pour ce qui adviendra après.


Octobre 2018.

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