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: Une apocalypse joyeuse structurée par l’écriture

Rejeter l’esprit de sérieux, être fou, ne pas être raisonnable, rire, faire rire ET porter l’écriture, la faire sonner, la faire briller, ne pas se complaire, ouvrir, être exigeant, être rigoureux.



Entrer dans le corps de l’écriture.


La langue de cette pièce est un manifeste théâtral. Un appel à la vie, à la liberté. Son écriture n’est qu’ouverture. Ouverture de la bouche, ouverture de l’imaginaire aussi.
La musicalité du phrasé, l’appréhension d’une syntaxe chaotique, la prise de risque de l’acteur face à une nouvelle manière de dire, ont toujours été des éléments fondateurs de nos spectacles. Notre travail s’est toujours basé sur un compagnonnage étroit avec le texte. Copi, Angot, Rodrigues ont tous comme point commun, la singularité de leur langue. Celle de Novarina, nous ouvre un champ nouveau : beaucoup plus libre, beaucoup plus fou.


La langue du Repas est troublante, difficile à rendre intelligible. Le « dire » y est refondé : inventions lexicales, synesthésies inédites, allitérations, associations de mots au sens contradictoires, accumulations audacieuses. Plusieurs genres littéraires coexistent et s’imbriquent : lyrique ; poétique ; quotidien. Ils sont le moteur dramaturgique du Repas. La pièce change de sens. Elle oblige le comédien à aborder différents registres de jeu, à emmener le spectateur dans différents univers scéniques et différentes micro-narrations qui charpentent Le Repas par tableaux successifs. C’est le sens de la rupture de l’acteur qui servira l’écriture et qui fera avancer la dramaturgie.


Notre traitement de l’écriture.


Cette pièce n’est pas un poème. Sauf à des moments précis, nous nous interdirons tout formalisme dans la manière de dire le texte. Il s’agira bien d’interpréter cette langue, de l’incarner, en mêlant sentiment et situation concrète : un théâtre de rapport. Il y aura peu de « face public » (sauf quand l’acteur fait un numéro solitaire). Nous ne voulons pas jeter de sort à cette écriture. Nous voulons en faire une écriture théâtrale comme les autres. Nous chercherons les sens, les inventerons parfois, mais en aucun cas la langue ne sera traitée comme une fin en elle même. Dans notre travail le texte sera un support de jeu pour l’acteur : l’acteur n’est pas là pour illustrer la langue mais pour la faire vivre. Le travail dramaturgique nous obligera à rejeter le formel, le jeu général et à donner du sens réplique par réplique.



Une métaphysique de l’action


Par la langue qu’il invente, Valère Novarina tente de repousser nos limites : l’enfance qui s’éloigne, la mort qui s’approche. Une avancée inexorable qu’il combat par les mots. Et c’est cela qui nous touche.
« Laissez-nous continuer continuellement, nous les hommes. », une des dernières phrases de la pièce révèle cette volonté farouche de repousser notre vacuité, notre tragédie. Le tragique devient l’élément constitutif de l’homme et est assumé. Puisque nous mourrons, tout est permis.


Nous entendons souvent : « le théâtre est mort » ; « tout à déjà été fait, toute lutte est vaine » ; « Vous arrivez trop tard » ; « c’était mieux avant ». Nous ressentons l’écriture de Valère Novarina comme une libération face ces discours culpabilisants. Nous la prenons comme une échappatoire à cette idéologie des fins pour affirmer non seulement notre existence, mais aussi notre désir d’actions.

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