theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Le Pulle »

Le Pulle

+ d'infos sur le texte de Emma Dante
mise en scène Emma Dante

: Entretien avec Emma Dante

Vous avez choisi de vivre à Palerme et toutes vos pièces pour autant que je sache ont pour cadre cette ville de Sicile. Peut-on dire que Palerme serait en quelque sorte le personnage principal de toutes vos pièces ?


Emma Dante : La Sicile est ma maison mère, le “libro mastro” (livre sur lequel les mafieux tiennent leur compte, note du traducteur) dont moi-même et ma compagnie feuilletons les pages pour y trouver l’histoire. Le folklore de la Sicile cache l’horreur. Je crois que les thèmes que je raconte dans mes spectacles,même s’ils partent d’une situation locale, de Palerme, sont universels : la famille comme agrégation sociale de plusieurs individus, la peur de la mort, l’interrogation sur dieu – quelle que soit la religion ; l’inceste, la violence sexuelle, le tabou de l’homosexualité, la mafia, la misère la plus noire, la piété. Ce sont des thèmes de toujours, avec la différence que leur narration, ici, part de Palerme où de profondes racines s’enfoncent dans les viscères de la terre.


Comment est né le projet de Le Pulle?


Emma Dante : L’idée est née à Paris durant notre séjour au Théâtre du Rond-Point avec les deux pièces Vita mia et Mishelle di Sant’Oliva. J’ai eu le désir d’écrire une opérette amorale, frappée par la lascivité et la sensualité d’une ville comme Paris qui se donne à tous sans être jamais entièrement à personne.


Le Pulle en palermitain sont les putains, du latin«puellae»(filles) et dans le spectacle ce seront des transsexuels allègres qui chantent et dansent dans le plus beau rêve de leur vie.Mais je n’aime pas les trames narratives et les histoires qui finissent bien ne me plaisent pas.


Pouvez-vous me dire quelques mots de mPalermu (qui parle à la fois de votre ville et de votre compagnie) ?


Emma Dante : m’Palermu n’est pas un spectacle mais une condition. C’est le premier projet, peut-être le plus important de la compagnie avec une genèse très longue, qui a duré presque un an.


“m’Palermu” signifie à l’intérieur dePalerme.C’est un ventre fertile, où trop d’enfants se pressent dans les ruelles sombres de son abdomen difforme et tandis qu’ils sucent la lymphe d’un noeud de cordons ombilicaux, ils donnent des coups, ils poussent,mais ils ne veulent pas sortir.


À Palerme, on n’agit pas, on met en scène des cérémonies, on ne fait pas de discours, on opère de manière rhétorique en citant, on fait illusion...


C’est la ville du gâchis et du superflu, de la décoration magnifique sur les ruines.


Palerme est comme une sorte de représentation symbolique de l’âme du monde, sans cesse affairée et sans cesse mourante.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.