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Le Problème

mise en scène Arnaud Meunier

: François Bégaudeau : un « Vinaverien » qui s’ignore

Dès ma première lecture du Problème de François Bégaudeau, j’ai reconnu cette même musique entendue chez Michel Vinaver et Oriza Hirata, une musique que j’orchestre dans mon travail de metteur en scène depuis 2006 : l’air de l’ordinaire, du quotidien, de l’apparente banalité.


Annie, la quarantaine, rentre chez elle à la fin d’une journée de printemps et parle avec son mari et ses deux enfants de la lettre de rupture qu’elle leur a laissée le matin même. Et dans cette conversation d’une heure en temps réel qu’Annie s’efforce de maintenir hors du drame, sa fille Julie prépare à manger, son fils Adam démêle un devoir de philo, le téléphone sonne… Proposant ainsi un théâtre où le trivial de la vie fonde une matrice dramaturgique intrigante et déroutante. Fuyant le didactisme et proposant un espace actif au spectateur.


Le quotidien, le banal, l’anecdote, ce que Michel Vinaver nommerait le tout venant, sont la source majeure d’inspiration de François Bégaudeau. Il scrute la vie, son lieu de travail, l’actualité, nos contemporains : d’une certaine manière, le réel. Cette filiation artistique avec l’un de nos dramaturges les plus estimés m’est apparue immédiatement. Elle a d’ailleurs motivé la publication de la pièce en tapuscrit par Lucien et Micheline Attoun.


Comme chez Vinaver cette pièce est, avant tout, une partition. La structure du Problème se développe en duo, trio, quatuor, ménageant avec une précision extrême silences et temps forts. Dans une tonalité commune qui est celle de l’oralité, chaque personnage a un registre de langage propre, donnant un swing à la phrase, impulsant un corps d’acteur différent.


Bégaudeau est un amoureux de la phrase qui cisèle chaque ligne dans sa plus stricte économie. Et dès lors, comme dans la vie, une phrase aussi banale que « ben ouais mais bon » marque avec délicatesse l’effort du personnage pour retenir le drame familial, et marquer la cadence finale de la 1ère séquence de la pièce, qui aura réunit père/mère/fille/fils sur le plateau.


Le Problème, comme toutes les œuvres de Bégaudeau, décrit une recherche d’émancipation. La parole y circule à quatre pour que le départ de l’un pousse chacun vers sa propre vie, vers son autonomie.


Cet auteur aime de toute évidence les expériences artistiques à plusieurs. En amoureux (sincère et de longue date) du ballon rond, il aime le collectif, le partage, les relations basées sur la confiance. Je ne m’étonne donc pas que sa recherche croise aujourd’hui le chemin du théâtre, et le mien.

Arnaud Meunier

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