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Le Petit Poucet

+ d'infos sur l'adaptation de Laurent Gutmann ,
mise en scène Laurent Gutmann

: Notes d'adaptation

En écrivant une version pour la scène et pour aujourd’hui du conte de Perrault « Le Petit Poucet », j’ai eu à répondre à deux questions importantes à mes yeux. La première concerne l’abandon du Petit Poucet par ses parents. Perrault, qui vit dans un dix-septième siècle frappé par de nombreuses famines paysannes, imagine que c’est le manque de nourriture qui pousse les parents – pauvre famille de bûcherons – à abandonner leur progéniture. Sans vouloir nier que des difficultés matérielles puissent être aujourd’hui encore une cause d’abandon d’enfants, il m’a semblé plus intéressant de considérer dans mon adaptation que les difficultés matérielles évoquées par les parents pour justifier leur geste révèlent surtout un manque d’amour pour leur enfant ; ou plutôt un amour déçu, leur enfant ne ressemblant guère à leur rêve d’enfant : trop petit pour son âge, parfaitement mutique, leur fils leur offre peu en échange des sacrifices qu’ils estiment avoir consentis pour lui. Son abandon sera présenté par ses parents comme une chance qu’il lui offre de s’épanouir hors d’un cadre familial qui, à l’évidence, ne lui convient guère. La seconde question concerne la fin du conte. Comment considérer le retour du Petit Poucet chez ses parents, après qu’ils l’ont par deux fois abandonné, comme autre chose qu’un pis-aller, la promesse de malheurs futurs ? J’ai compris, grâce à mes enfants avec lesquels j’en discutais, que si le Petit Poucet revient chez lui, il revient différent de celui qu’il était en partant. Il ne trouvait pas auparavant sa place dans le foyer de ses parents car il n’y avait plus de place pour un être éternellement petit. Mais après ses aventures dans la forêt, c’est en « grand » qu’il revient : au sens propre car il revient ayant chaussé les bottes de sept lieues, comme au sens figuré, ayant maintenant vécu des aventures et surmonté des dangers qui font de lui un homme. Son séjour dans la forêt aura été un passage obligé pour trouver sa place dans la maison de ses parents, c’est à dire celle d’un individu autonome, en un mot celle d’un homme et non plus celle d’un enfant.


Un mot enfin sur l’univers visuel et sonore du spectacle. La scène du Théâtre des Cinq Diamants est petite, ce n’est pas une raison pour ne pas proposer un univers scénique ambitieux, un voyage en image. La scénographie sera constituée de sept voiles, transparents ou opaques selon l’éclairage, ornés pour certains de motifs de forêt, s’ouvrant et se fermant au gré des scènes. Il s’agira de faire que l’expérience du Petit Poucet dans la forêt soit aussi la nôtre, qu’avec lui nous y perdions nos repères.

Laurent Gutmann

novembre 2011

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