Ce projet est tout d’abord le fruit d’une rencontre ou plus exactement d’une demande de Nicolas Fine avec qui j’ai partagé plusieurs aventures théâtrales ces dernières années. Lorsque Nicolas m’a demandé de le mettre en scène dans ce texte, je me suis tout d’abord trouvé plongé dans un abîme de perplexité. Je ne connaissais pas très bien l’œuvre de Valère Novarina. A la première lecture, il m’avait été impossible d’aller au bout du Monologue d’Adramélech. Touffu, abstrait, pour parler un peu trivialement, le livre m’était tombé des mains.

Le doute laissa place à l’angoisse lorsque je commençai à faire part à certains collègues, gens de théâtre, de ce projet de mise en scène. Aeu près tous me disaient : « Ah, tu n’as pas vu André Marcon jouer ce monologue en 1985 à Avignon », « Vous allez monter Adramélech, mais c’est impossible. André Marcon l’a joué au TNP, tout le monde était debout à la fin pendant vingt minutes », « André Marcon, le seul acteur qui ait su trouver la minéralité de la langue de Novarina ». « Il était tout seul sans décor, rien qu’une chaise, il marchait juste de long en large de la scène, c’était extraordinaire ». Œuvre impossible à monter, à re-jouer ? Un texte extrêmement dense, le souvenir d’une interprétation mythique autant d’ingrédients qui pourraient donner envie de ne plus toucher à rien, de rester paralysé ou de changer de métier.

Pas si sûr, « maladlbulbe d’albumbliton ! », « mille phocions ! ». « C’est l’Adraméluch, c’est toujours l’Adraméluch ! Que Jean-Claude Foulon, Barthet Edmond et Gaillotinaux, que Bounin, Briteau, Crapon, Duniod, Dandra, s’ils m’entendent, prennent ça pour eux ! Le moment est suffisant, le départ est imminent ». En clair, Adramélech revient et il n’est pas content.

Thomas Poulard