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Le Monde Merveilleux de Dissocia

mise en scène Catherine Hargreaves

: Note d’intention

Rédigée après la résidence à la Chartreuse

Anthony Neilson, pourtant l’un des plus importants représentants du mouvement « in yer face »* déteste ce terme agressif et préfère qualifier son théâtre d’ « experiential theatre », c’est à dire de théâtre qui privilégie l’expérience du spectateur.


Il ne faut pas montrer mais donner à vivre une journée de Lisa au spectateur.
Qu’il fasse l’expérience lui-même de la réalité de cette jeune femme.
Lisa est dans le premier acte, spectatrice de son propre monde au même titre que le public. Elle a ses propres sensations, le public n’est pas obligé d’avoir les mêmes.
Pour permettre au spectateur de vivre sa propre expérience, il faut rester fidèle à l’esprit de spontanéité et d’urgence d’Anthony Neilson, c’est-à-dire être toujours attentif à l’instant présent, s’autoriser jusqu’au bout à adapter la pièce en fonction des comédiens (l’auteur le recommande même), ce qui veut dire suivre leurs improvisations ou même rajouter des personnages. Il ne faut jamais laisser le public s’installer dans une situation ou un genre théâtral mais passer sans transition d’un style à un autre, brouillant les pistes entre réalité et fiction, privilégiant le ludique de la situation avant tout et ne pas avoir peur de le submerger avec une avalanche de sons, de couleurs, de situations. Les ruptures doivent être tout à fait naturelles pour les comédiens que j’ai volontairement choisis pour leurs horizons différents (burlesque, expérimental, classique etc.…).
Le monde de Lisa est un monde où la profusion et le chaos règnent, où la peur côtoie la joie, où l’horreur fréquente la douceur.
Enfin David Lynch, Philipp K. Dick, Hitchcock entre autres ainsi que des ouvrages psychiatriques seront des inspirations pour la peinture qu’ils font tous des états de folie mais il est absolument nécessaire qu’ils restent à ce niveau et qu’ils ne deviennent pas des citations. Il faut être à l’affût de tout ce qui pourrait interrompre l’expérience du spectateur en le renvoyant derrière ses barrières intellectuelles. De même, les Monty-Python, Lewis Carrol et tous les contes pour enfants seront nos inspirations pour le merveilleux et l’absurde.


Mais le monde de Lisa, aussi fou soit-il, n’est pas une invitation à aller de l’autre côté du miroir, c’est bel et bien une réalité bien concrète, qui nous est proposée ici.
Lisa est-elle schizophrène, bi-polaire, maniaco-dépressive, borderline...?


Peu importe, il est toujours bénéfique de se rappeler qu’il y a autant de réalités qu’il y a de personnes.


Et si on le fait avec humour et dérision, c’est encore mieux.
À l’acte 2, grâce à une mise en scène naturaliste et sans ruptures, nous replacerons le spectateur dans sa position de voyeur. Dans cet acte, il verra Lisa se débattre avec sa maladie et peut-être que fort de son expérience de l’acte 1, il pourra avoir accès à une compréhension tout à fait intime de cette autre réalité qui lui a été proposée de vivre.
Cherchons à vivre de façon le plus authentique possible un moment d’une vie qui n’est pas la nôtre, après on verra…


* « dans ta gueule »

Catherine Hargreaves

août 2009

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